Les Arts éphémères au parc de Maison Blanche
Aux jardins, citoyens !
Pour sa deuxième édition, le Festival des Arts éphémères nous invite à une présentation d’œuvres in situ qui renouvelle notre perception du parc historique de Maison Blanche. Une visite à Dame Nature toute en séduction et en surprises…
Dès l’entrée de l’exposition, le regard est saisi par la chute brutale d’un Little Nemo, sculpture d’Aymeric Louis qui annonce les états du rêve et de l’éphémère auxquels convie la manifestation. Quel est ce rêve ? Celui d’une rencontre entre les arts plastiques et ceux du jardin, entre l’ombre et la lumière, entre des artistes confirmés et des amateurs. Cette dualité retrace bien l’ambition des organisateurs — la mairie du 9-10, en partenariat avec le Passage de l’Art, l’ESBAM et le [mac] —, à savoir relier une ville avec son histoire et son devenir, et confronter des démarches artistiques à une même expérience du temps et de l’espace.
Dans leurs installations éphémères, les œuvres vivent une expérience de monstration à l’épreuve du temps, cycle climatique ou saisonnier, et de l’environnement naturel, qui agit sur elles en fonction du choix spatial de l’artiste. En témoignent le ballet des tronçonneuses de Géraldine Py et Roberto Verde, composant un mouvement sonore avec le vent et les arbres, le long muret de terre et d’herbe de Caroline Le Méhauté, qui se joue des perspectives et des dénivelés, la cloison de Gilles Desplanques, qui interprète les records de Sotomayor et Powell à la manière d’un « modulor » comme dérivé de la barre d’immeubles située juste en arrière-plan, ou la passerelle de Sandro Della Noce posée en surplomb dans les arbres.
D’autres attitudes artistiques renvoient au détournement d’objets, de leurs représentations ou de leurs significations : les grappes de casques en « ex-voto » de Lionel Scoccimaro sont accrochées en cascade de fruits à un cèdre centenaire, le Bourrak (« éclair » en VF) de Yazib Oulab condense, avec sa jument ailée dans la prairie, différentes figures de la mythologie. Le passage de la nature à l’artifice, telle est l’ambiguïté à traquer dans cette exposition promenade, conçue comme un jeu du regard et de la déambulation. Un jeu mental aussi, qui ramène à la surface des traces et des gestes de l’enfance. Dans ce registre, il faut ranger la performance d’Olivier Grossetête, et rêver au voyage sur son pont flottant, passerelle entre toutes les rives.
Texte : Christine Maignien
Photo : pont flottant de Olivier Grossete?te
Les Arts éphémères : jusqu’au 9/06 au parc de Maison Blanche / Mairie 9e et 10e arrondissements (150 avenue Paul Claudel, 9e). Rens. 04 91 14 63 50