Iris Levasseur – Légères anesthésies et dérivation à la galerie Dukan & Hourdequin
Les contours du masque
La galerie Dukan et Hourdequin continue son exploration de la peinture contemporaine avec les grands formats d’Iris Levasseur.
Il existe un mouvement dans la peinture qui prend le temps de rencontrer le modèle et d’assembler patiemment des postures et des attitudes propres à se confondre sur une seule toile. Le point de départ est certainement l’atelier de dessin, connu de tous, où dans le silence du crayon, le regard dessine les contours et les jeux d’ombre du modèle vivant (le nu). De l’académisme à une situation contemporaine, l’écart se mesure dans l’apparition de l’optique et du procédé photographique, une prise de note immédiate. Ici, ce qui point, c’est la justesse des détails, le froissé de l’anorak, les coutures d’un pantalon, le modèle des chaussures. Les poses s’enveloppent des attributs de l’apparence (ce que nous consommons). Des individus prennent place dans des attitudes du quotidien. Ils esquissent des écarts de bras, des positions de pieds, ils s’allongent : le minimum propre à donner une énergie d’ensemble. On s’immisce dans une situation de groupe, on frôle l’idée du théâtre dans le huis clos du décor, des caractères prêts à en découdre avec le texte. L’absence des mots s’exprime dans le phrasé de la peinture. Le pinceau brosse avec une certaine vitesse l’éclosion d’une lumière jusqu’au point d’orgue d’une couleur pure. Le fond sombre joue l’arrière-plan d’une dramaturgie qui pointe l’espace du vide. On vit un sentiment d’introduction de ce qui se trame avant le drame comme une respiration, une retenue, un point de crispation.
Karim Grandi-Baupain
Iris Levasseur – Légères anesthésies et dérivation : jusqu’au 13/11 à la galerie Dukan & Hourdequin (83 rue d’Aubagne, 1er). Rens. www.dukanhourdequin.com