La confusion des genres au Mazarin
Elle et lui
Le Mazarin et l’Institut de l’Image à Aix s’associent pour présenter la dixième édition de La confusion des genres, programmation tournée vers le cinéma gay et lesbien sous toutes ses formes, mêlant films populaires et perles cinématographiques. Petit tour d’horizon.
La confusion des genres ou l’éloge de la différence ? Après des décennies de clandestinité, le cinéma gay et lesbien, plus généralement transgenre, se conjugue à présent sous toutes ses formes, dans la production cinématographique, pour le bien de la création elle-même. Des blockbusters (Philadelphia, Brokeback Mountain…) aux films intimistes, les amours homosexuelles à l’écran ne sont plus un tabou, mais au contraire une source d’inventivité et un regard croisé sur une société en mutation. L’excellent documentaire de Robert Epstein, The Celluloid Closet, nous rappelle en effet les trésors d’imagination dont ont dû faire preuve les cinéastes pour évoquer les relations gays et lesbiennes avant que les consciences n’évoluent. Le travail des festivals, des distributeurs, des éditeurs n’est d’ailleurs pas étranger, en France, dans la reconnaissance de l’homosexualité au cinéma. Depuis dix ans, le petit cycle La confusion des genres apporte sa pierre à l’édifice, mariant raretés cinématographiques, classiques du répertoire et films grand public. Dont acte, cette année encore, avec une dizaine de films présentés dans la cité thermale. Parmi les belles découvertes, citons le documentaire de la Paraguayenne Renate Costa, 108 Cuchillo de Palo, projeté en sortie nationale. La cinéaste revient sur le passé de son oncle, récemment décédé, et ayant figuré sur la liste des 108 homosexuels arrêtés et torturés sous la dictature de Stroessner. Un témoignage bouleversant sur la mémoire d’un passé pas franchement lointain, les années 80, lorsque le Paraguay vivait sous le joug d’un pouvoir militaire sanglant, dont la communauté homosexuelle fit particulièrement les frais. Parmi les autres belles surprises de ce cycle, le spectateur curieux se réjouira de (re)découvrir en copie pellicule l’extraordinaire opus du Brésilien Hector Babenco, Le baiser de la femme araignée, huis clos carcéral fantasmagorique, en plein régime dictatorial. Dans le but de fédérer tous les publics, la programmation n’échappe pas aux films plus grand public, de The kids are allright, opus réussi sur l’homoparentalité, à Mamma Mia !, en version karaoké s’il vous plaît ! Enfin, les amoureux du répertoire se rueront à l’Institut de l’Image pour une projection du sublime All about Eve de Joseph L. Mankiewicz, à qui l’on doit cette fameuse réplique : « Depuis qu’il s’est compromis en se mettant à parler, le cinéma a le devoir de dire quelque chose. » Adage largement appliqué par l’équipe de La confusion des genres.
Texte : Emmanuel Vigne
Photo : Le baiser de la femme araignée de Hector Babenco
La confusion des genres : du 23 au 2/03 au Mazarin (Rue Laroque, Aix-en-Pce). Rens. 04 42 26 61 51 / www.lescinemasaixois.com