Nour par le GdRA était présenté au Théâtre du Merlan
Mon nom est personne
Deuxième opus du triptyque sur la personne entamé avec Singularités Ordinaires, Nour continue d’infuser avec minutie et talent les sachets d’anthropologie et de sociologie urbaine du GdRA, sans pour autant s’avérer inoubliable.
Un musée d’objets installés sous verre, de la veste Nike à la peluche de panda, accueille le spectateur. Le décor ainsi planté, commence alors l’histoire de Nour El Yacoubi, dont les parents ont quitté le Maghreb pour s’immerger dans la modernité française. Mais le changement de vie a ses limites et le père de Nour ne comprend pas – et n’accepte pas – tout ce qui est offert à la jeunesse française pour son émancipation. Quand Nour affirme son souhait d’intégrer sa passion pour la danse hip-hop dans son avenir professionnel, la rupture puis l’éloignement s’avèrent inévitables. Au-delà du drame familial et des questions d’intégration et de transmission, la pièce questionne notre rapport à l’autre, cette « personne » si souvent mentionnée dans la pièce. Nour n’existe d’ailleurs pas en tant que telle, mais son identité fictionnelle investit la réalité à travers une reconstruction de son histoire par des témoignages visuels et sonores. Nour est aussi le réceptacle du jeu à tiroirs des acteurs qui l’interprètent à tour de rôle. Ses errements, ses interrogations et les épreuves psychologiques qu’elle traverse sont symbolisés par les acrobaties d’un acteur circassien. Et tandis que la Nour d’aujourd’hui est dansée par une jeune comédienne, c’est une actrice plus âgée qui incarne son entourage familial et amical. Le fil de la vie de Nour est cousu de témoignages de parents, amies et ex petit ami projetés sur grand écran, et décousu de dialogues fictionnels, danses et sauts en trampoline. La musique, quant à elle, crée un climat variable, s’adaptant aux moments de rage ou d’émotions. Si, avec de tels jeux de va-et-vient entre fiction scénique et réalité audiovisuelle, le GdRA fait montre d’une impeccable maîtrise technique, il semble perdre de vue son objectif. Un peu de brouhaha par ci et de longueurs par là entachent quelque peu la bonne qualité du spectacle. Reste cependant un couple art/sciences humaines dont on ne demande qu’à connaître la suite des aventures.
Texte : Guillaume Arias
Photo : Nathalie Sternalky
Nour par le GdRA était présenté du 14 au 16/03 au Théâtre du Merlan.