FIFIC – Festival international du film chiant au Variétés
Le Chiant des possibles
La curiosité du cinéphile (et des autres) n’aura pas manqué de s’éveiller à l’annonce de la tenue imminente d’une mini édition du Festival international du film chiant, dont l’intitulé prête à sourire. Mais qu’est-ce au juste qu’un film chiant ? La réponse d’Emmanuel Germond, le créateur de ce qu’il convient désormais d’appeler « Le Chiant ».
Pour Emmanuel Germond, artiste multicarte de Marseille à New York et initiateur du projet, peut être qualifié de “chiant” « un film qui sait prendre le temps de développer son propos au risque de perdre une partie du public parce qu’il choisit un angle de traitement différent, plus impressionniste que narratif. » Muet, trop long, expérimental, contemplatif ou pas vraiment fini, il y a mille façons d’être chiant et de sortir du style vidéo-clip qui contamine le cinéma actuel. « J’ai choisi cet emballage provocant pour justement intriguer et attirer les gens vers le festival », explique Emmanuel qui, à l’image des films présentés, n’a pas l’intention de se sacrifier sur l’autel de la com’. Cette édition est un avant-goût du projet prévu en 2013 dans le cadre du Off de la Capitale européenne de la Culture. Au programme, deux soirées de projections au Variétés, à commencer le 21 avril par un ciné-concert de Ghédalia Tazartès (1) sur Häxan, la sorcellerie à travers les âges de Benjamin Christensen. Potentiel chiantique (PC) : film des années 20, sans son ni couleurs, fait d’improvisations musicales et psychédéliques. La seconde soirée, le 24, mettra à l’honneur Fengming, chronique d’une femme chinoise de Wang Bing. PC : durée de trois heures, aucune action, thème historique, pays communiste et âge canonique de l’héroïne. Last but not least, durant toute la durée du festival, quatre courts-métrages de Mohammed Bourouissa seront projetés dans la salle des expositions des Variétés. L’occasion d’une rencontre avec un cinéma parfois maladroit mais dont la sincérité et la créativité l’emportent toujours sur l’ennui.
Daniel Ouannou