En Corps Urbains au Théâtre du Merlan
Au nom du corps, de l’art et de l’urbain
Le Merlan s’offre pour sa fin de saison un cycle en trois parties mettant en évidence le lien entre l’artiste et la ville. Un programme dense et diversifiée, élaborée comme une suite logique à ses précédents travaux autour du corps humain.
2013 approche et la scène nationale de Marseille amorce déjà son virage artistique pour la Capitale européenne de la culture. « On s’est accordé le temps de la fin de saison pour organiser cet événement. On va se concentrer sur le lien qui existe entre les artistes et la ville, non pas comme support de création mais comme matière première. De quelle manière ils se saisissent de l’urbain, comment celui-ci peut influencer leur travail et quelle est leur vision de la ville et de ses habitants. C’est une sorte de réorientation assez logique, on passe du corps à la ville, en réfléchissant au corps urbain et à la perception que l’on en a », explique Charlotte Coutagne du Merlan.
Commencé début avril avec TagFish du collectif Berlin, En Corps Urbains se veut à la fois réflexif et artistique. « Les propositions sont vraiment très diverses : il y a de l’expérimentation, des performeurs, mais également un côté plus théorique avec des débats et des conférences, notamment celle de Thierry Paquot autour de la place de l’urbain dans le cinéma. Et nous avons tenu à scinder la programmation en trois séquences bien distinctes : “Quand les arts de la scène croisent l’urbanisme”, “Quand les artistes et les habitants se rencontrent” et “Quand la ville se perçoit avec le corps”. Ce sont trois approches différentes que l’on a voulu mettre en valeur car au final, ce sont des points de vue rarement abordés. »
Le second volet, « centré sur les habitants et donc très participatif » a débuté par un Congrès des Experts organisé par le collectif Ici-Même [Gr] (voir Ventilo # 298) et se poursuit avec C’est déjà demain, création de la compagnie A Table sous la houlette de Clara Le Picard. « Clara et la compagnie travaillent depuis longtemps avec le quartier de la Busserine. Pour En Corps Urbains, ils invitent les habitants à venir s’exprimer, raconter leur quartier, donner leur propre vision et la mettre en scène via des ateliers artistiques. Le but est de créer avec eux. Clara propose également une table ronde, toujours dans l’optique d’un dialogue entre les artistes et les habitants. » La Belle Equipe prendra la suite en faisant découvrir son Marseille et les villes qu’elle aura visitées à partir de documentaires sonores, annonçant du même coup la couleur de la dernière partie de cette programmation éclectique. « La perception de la ville par le corps est certainement la séquence la plus intime et la plus sensible. Les artistes participants ont pensé faire redécouvrir la ville via des sensations. Ils vont mettre en place des promenades expérimentales ainsi que des expériences sensorielles. »
Le Merlan poursuivra son exploration de la ville durant 2013. « Ce projet nous a demandé trois ans de réflexion et de questionnement. Certains spectacles et expérimentations ont déjà été proposés et nous avons souhaité les mettre davantage en avant. Cette fin de saison n’est que le début de la programmation qui sera mise en place pour l’année capitale. »
Texte : Aileen Orain
Photo : Gabriel Tamalet
En Corps Urbains : jusqu’au 9/06 au Théâtre du Merlan (Avenue Raimu, 14e).
Rens. 04 91 11 19 20 / www.merlan.org