Image de Ville – La ville, ma muse
Les rues du désir
Image de Ville, l’un des plus passionnants festivals de nos contrées, fête cette année son dixième anniversaire, se plongeant pour l’occasion dans la représentation de l’imaginaire urbain instillant la création cinématographique, et plus largement plastique.
En une décennie, l’équipe d’Image de Ville a offert au regard une perspective kaléidoscopique des multiples facettes de la représentation urbaine au cinéma, comme nul n’y était parvenu auparavant. Travaillant par thématique (la lumière dans la ville, ville contre nature…), le festival a permis d’explorer les larges champs de la création cinématographique, enrichissant les projections de débats-rencontres de haut vol, en compagnie d’invités prestigieux (Vincent Dieutre, Jia Zhang-Ke, Amos Gitaï, Jean Nouvel… pour n’en citer qu’une infime partie). Un bilan remarquable qui permet cette année à l’équipe de s’offrir une parenthèse enchantée, en s’interrogeant sur l’imaginaire que développe l’artiste autour de l’espace urbain. Cette tentative d’appropriation de la cité comporte évidemment ses risques, principalement dans la transformation de zones ouvrières à des fins culturelles, qui soulèvent de nombreuses questions éthiques rarement résolues. Nul doute que cette problématique sera abordée dans les nombreuses tables rondes proposées par le festival, au hasard desquelles le spectateur curieux rencontrera sociologues, urbanistes, philosophes ou directeurs artistiques. Côté cinéma, quelques beaux rendez-vous valent très largement l’aller-retour Aix-Marseille pour les cinéphiles phocéens, à l’instar du ciné-concert sur le Metropolis de Lang, proposé par l’Orchestre de Chambre d’Hôte. Mais également ce petit film rare de Paolo Brunatto, Pasolini et la forme d’une ville, ou le plus connu, mais non moins excellent, Métamorphoses du paysage d’Eric Rohmer. Comme à l’accoutumée, Image de Ville réserve une partie de sa programmation à la jeune création documentaire contemporaine (Détroit, ville sauvage de Florent Tillon, Un archipel de Marie Bouts et Till Roeskens ou Image trouvée de Sabine Massenet), mais offre également cette année un très grand moment de cinéma avec la présence du cinéaste algérien Tariq Teguia, qui accompagnera la projection de ses deux œuvres majeures : Inland et Rome plutôt que vous. Une édition qui, gageons-le, ne fera pas mentir l’exigence apportée depuis dix ans à cet événement régional majeur.
Emmanuel Vigne