Sommes-nous des imbéciles ?

Le J1 et l'exposition Méditerranées, des grandes cités d’hier aux hommes d’aujourd’hui

J1, touché !

 

Projet phare de Marseille Provence 2013, le J1, immense hangar jeté à quai, est une invitation au voyage, à la croisée de chemins entre le centre-ville, le port de commerce, un peu en l’air et déjà en mer.

A première vue, on découvre une sorte de friche posée entre la Joliette et la Major, le long du littoral. Dernier hangar debout dans les bassins du port de voyageurs, cet immense entrepôt ouvert sur la mer continue d’assurer les embarquements et arrivées de passagers venus de toute la Méditerranée, tandis que des ferrys en partance pour le Maghreb sont accostés sur ses flancs. Au deuxième étage, le voyage commence : d’abord à l’extérieur, avec un bel aperçu du port autonome et des récents aménagements urbains, puis à l’intérieur, dans ce vaste hall à l’aménagement minimaliste dont l’esprit industriel a volontairement été préservé. De chaque  côté du bâtiment, de grandes vitres alternent avec des grilles pour plonger vers le large, la jetée, le Pharo, la Côte Bleue ou le Frioul. On explore le lieu comme on déambule sur le pont d’un navire, à la recherche d’un point de vue, tout en découvrant les très belles photos de l’Atelier du Large, avant de finir à la proue, dans les méandres des containers de l’exposition Méditerranée. Après quelques travaux de réhabilitation, ce lieu symbolique de l’histoire maritime marseillaise est devenu le plus vaste espace d’exposition de la métropole, doté d’une librairie, d’un restaurant et d’une salle de conférence, offrant sur un plateau de 6000 m² flâneries, rêves et contemplations, à travers des expositions gratuites (sauf Méditerranées), familiales et participatives. Au vu des 15 000 visiteurs du week-end d’ouverture de la Capitale, tout porte à croire que ce lieu emblématique a déjà séduit les Marseillais. Mais c’est peut-être et malheureusement un lieu éphémère, puisque mis à disposition de MP 2013 par le Grand Port Maritime de Marseille pour une année seulement. Alors souhaitons-lui bon vent et tous nos vœux de bonheur pour qu’en 2014, il ne rentre pas en cale sèche ou dans l’escarcelle trébuchante d’un promoteur…

 

LE CHIC !
Ce n’est pas par hasard qu’on retrouve côte à côte deux projets aux noms évoquant le voyage. Le premier projet, porté par l’Atelier du Large, propose dix expositions consacrées à la photo de famille, à des échanges entre artistes et habitants, ainsi qu’à des travaux de photographes contemporains. On y trouve également la Fabrique de Fotokino, destinée à explorer les arts graphiques avec la complicités de plusieurs artistes (actuellement Benoît Bonnemaison-Fitte conçoit pour le visiteur des tatouages éphémères), un studio animé par les étudiants de l’Ecole de la Photographie d’Arles qui vous tirent (et vous offrent) le portrait, un espace de projection, et une photocabine, authentique photomaton en libre service. Le deuxième projet concerne l’exposition Méditerranée, les grandes citées d’hier aux hommes d’aujourd’hui (voir ci-dessous).

LE HIC !
Le plus grand espace d’exposition de Marseille, ville qui en manque cruellement, fermera ses portes plusieurs mois, du 18 mai au 11 octobre, c’est-à-dire au plus fort de la saison touristique. La faute au soleil et à la chaleur puisque le lieu, non climatisé, ouvert aux quatre vents l’hiver, deviendra une fournaise cet été. Il paraît que tout cela était prévu et parfaitement maîtrisé, mais cette fermeture de cinq mois d’un lieu emblématique de l’année 2013 a quelque chose d’assez incompréhensible.

Yves Bouyx

 

Accès : Quai de la Joliette / Boulevard du littoral, 2e. Métro 2 / Tramway 2 : Station Joliette
Rens. : www.mp2013.fr/les-nouveaux-lieux/ouverture-du-j1/

 


 

Mer nourricière

 

Pour son inauguration, le J1 voit grand en présentant une rétrospective sur les origines d’un monde : celui du bassin méditerranéen.

Visiter l’exposition Méditerranées, c’est embarquer sur un bateau, celui du temps. D’un container à l’autre, le visiteur est invité à pénétrer dans des capsules individuelles. Comme un voyageur glissant sur l’eau, il pourra accoster à Athènes, Venise, Istanbul ou Gênes, et quitter l’exposition par Marseille pour un retour au présent.
Relativement aléatoire, la chronologie laisse ainsi le visiteur libre d’établir des liens entre les mythes les plus anciens et ceux d’aujourd’hui. Que sont devenus les héros de l’Odyssée ? En se côtoyant, des projections de films et des bustes antiques semblent répondre parfaitement cette à question. Dans l’obscurité d’une scénographie remarquablement orchestrée par Yolande Bacot et son équipe curatoriale, on se prend à rêver, comme bercé par les flots, et les hublots de ce paquebot géant nous surprennent alors comme des hors champs sur notre monde contemporain. Car cette exposition-fiction demeure bien ancrée dans le monde d’aujourd’hui avec une acuité toute particulière sur ces visages qui font la Méditerranée, ou plus précisément les Méditerranées. Des hommes et des femmes différents et pourtant très semblables, liés par un même héritage, parfois malgré eux et des tensions politiques indélébiles. Une exposition didactique mais pas seulement, qui doit tout autant à l’humour qu’au mysticisme. Et l’on sait que la Mare Nostrum n’est pas avare en la matière…

Laure Dubois

 

Méditerranées, des grandes cités d’hier aux hommes d’aujourd’hui : jusqu’au 18/05 au J1 (Quai de la Joliette / Boulevard du Littoral, 2e).
Rens. www.mp2013.fr/mediterranees-des-grandes-cites-dhier-aux-hommes-daujourdhui/