Portrait : Alter Echoes

All you need is blog

 

Depuis deux ans, le blog musical Alter Echoes propose à des musiciens de filmer leurs performances, sur scène ou dans le studio même de l’association. Le résultat, cinématographique et décoiffant, méritait bien qu’on s’y attarde.

En 2005, selon le rapport Giazzi, la France était le premier pays mondial en matière de blogs. En 2007, sur les quatre millions de blogs mis à jour en Europe, l’hexagone en comptait près d’un quart. Difficile dans ces conditions de se faire une place dans l’enfer de la blogosphère… Surenchère d’idées plagiées, thèmes mille fois abordés — et sabordés dès leurs parutions — expliquent pourquoi seuls quelques noms réussissent à se démarquer… C’est le cas d’Alter Echoes.
Basé à Marseille depuis août 2011, le studio de l’association fondée par Aurélie Vial, Harold Boué et David Grunelius se situe dans une petite rue calme de Malmousque. Le noir et blanc y prédomine et, salle de montage oblige, l’ambiance est studieuse. On sentirait presque la sueur des artistes de passage émanant des lattes du parquet.
C’est dans ce lieu que l’équipe essaye de proposer et d’apporter une solution créative en matière de visibilité. D’abord sur Internet via le blog, et ensuite à Marseille via le studio. « Nos créations sur mesure pour le titre de l’artiste que nous enregistrons au studio reflètent notre univers et notre sensibilité, tout en donnant une couleur visuelle au morceau. Nous sommes dans une démarche de recherche et d’évolution », précise Julien, rédacteur, programmateur et coordinateur d’événements. Avec une ligne éditoriale marquée et collective, l’asso ne se fixe pas de limites pour autant : « Nous sommes par-dessus tout intéressés par la musique qui s’aventure quelque part, qui tente des choses, entre une cohérence forte et une originalité esthétique. On fonctionne aussi à l’affectif. Certaines résidences ont été fortes humainement… Finalement, nous sommes à la recherche de l’équilibre entre le plaisir et la raison. » Ainsi, Sugarcraft, La Femme, Gravenhurst, Johnny Hawaii ou encore Arnaud Rebotini se sont prêtés au jeu, participant à la création d’une vidéo à mi-chemin entre le clip musical et la performance audiovisuelle. A la fois artisanal et efficace, le concept mêle habilement projections et captations en direct. Il est également possible de retrouver, sur leur blog, des interviews filmées ou le fameux Cinematic Podcast : des playlists postées par des artistes eux-mêmes, avec pour contrainte de commencer et finir chaque morceau par une musique de film. Le résultat, un peu déstabilisant au début, vaut le détour. « Il y a dans cette recherche la volonté de faire fusionner le cinéma et la musique, de créer des pistes entre les deux. » Egalement dans les cartons de l’asso, le projet d’organiser des soirées… Mais la bande d’amis n’a pas attendu que ce dernier projet se concrétise pour mettre en œuvre ses idées et combler un manque. « Nous sommes loin de penser que les musiques défendues par Alter Echoes sont l’apanage d’un cercle d’initiés à lunettes vintage. Avec Internet, la culture, et donc les musiques nouvelles, se propagent plus facilement sans être dévolues à une élite parisienne comme ce fut le cas il y a quelques années. Nous pensons qu’il y a une vraie place à Marseille pour des musiques qui n’ont pas forcément eu l’habitude d’être au premier plan, explique Julien, avant de conclure : Il y a ici des propositions nouvelles et passionnantes. Elles existent, mais sont cachées. Il faut gratter un peu pour s’en apercevoir. Le public est là. Notre rôle est aussi de gratter pour lui. Si la musique à Marseille est un jeu à gratter, on aimerait bien être une pièce de cinq cents. » Ne reste plus qu’à tirer le ticket gagnant.

Quentin Baraton

 

Rens. www.alter-echoes.com