La Villa Méditerranée
Eloge du vide
Avec l’ouverture de la Villa Méditerranée, le président de la Région Michel Vauzelle a voulu un geste architectural fort au service d’un parlement qui invente le monde de demain entre les deux rives.
La Villa Méditerranée, conçue par l’architecte italien Stefano Boeri, se voit comme un C (Capital) qui épouse la mer. Vu de l’intérieur, hormis son amphithéâtre vêtu de noir, c’est un bâtiment qui joue avec la lumière et l’espace du vide. Un lieu qui appelle à la circulation des individus, à un rapport prégnant avec l’horizon au travers de ses baies vitrées, comme un appel à la déambulation et à la méditation. Qu’est-ce à dire ? Que la culture n’est pas seulement la manifestation des arts, c’est aussi ce qui définit notre nature et quel regard nous portons sur nous-même et sur les autres. Dans le conflit des rapports entre la France et le Maghreb, on s’étonne d’entendre parler (des deux côtés) de la question d’une race. Car peut-on définir le Maghrébin comme celui qui porte une peau mate et des cheveux noirs ou un gêne incompatible avec l’Européen ? L’Algérie et le Maroc vivent d’un savoureux mélange d’ethnies berbères (les Kabyles, les Maures, les Libyens) côtoyant le monde arabe. En Algérie, au Maroc, en Tunisie vivent des hommes et des femmes à la peau, aux cheveux et aux yeux clairs. Alors pourquoi cette division ? Parce qu’au-delà du processus de décolonisation, il y a bien une différence de culture et donc une peur de l’autre de par son inconnue. Différence religieuse d’abord, puis philosophique : le big bang est une évidence en Europe, il l’est beaucoup moins au Maghreb. Il est donc essentiel qu’un parlement de la Méditerranée installe une normalisation des rencontres entre élus et intellectuels des deux rives. Que l’on discute en profondeur de ces divergences pour se donner les moyens d’imaginer une culture de la fraternité et du commerce équitable, car les richesses sont en Afrique (démographie galopante, ressources naturelles) et les révolutions du Printemps arabe n’attendent finalement qu’une chose : une démocratisation des échanges.
Karim Grandi-Baupain