Rencontres internationales des Cinémas arabes
Retour d’Aflam
Dans la continuité d’un colossal travail de diffusion des cinémas arabes depuis 2000, l’association Aflam propose sa première édition des Rencontres Internationales des Cinémas Arabes. Soit six jours particulièrement riches afin d’aborder le dynamisme des cinématographies méditerranéennes.
Depuis plus d’une douzaine d’années, la structure phocéenne Aflam réalise un travail de diffusion des cinémas arabes (largement relayé dans ces colonnes) absolument exceptionnel, qui fait de l’association l’un des piliers hexagonaux de sensibilisation à une création cinématographique toujours bien mal distribuée dans nos contrées. Avec la multiplication des projections ces dernières années, il devenait logique que ce travail se synthétise lors d’un événement de plus grande envergure, propre à décliner sur une période définie toute la richesse des cinématographies bordant le sud de la Méditerranée. Dont acte avec cette première édition des Rencontres Internationales des Cinémas Arabes, qui décline diverses thématiques parallèles en contrepoint d’une programmation passionnante. Un événement en grande partie porté par Tahar Chikhaoui, qui offre un regard sur le cinéma particulièrement pertinent : journaliste et universitaire tunisien, auteur de divers ouvrages et nombreux articles, en l’occurrence dans la revue Cinécrits dont il fut l’un des créateurs, Tahar Chikhaoui a participé à de nombreux festivals avant de prendre en main la direction artistique d’Aflam. Ces premières Rencontres offrent d’emblée une programmation fort ambitieuse, éclatée sur plusieurs salles : les Variétés, le CRDP, la Maison de la Région et, bien sûr, la Villa Méditerranée, qui deviendra désormais un lieu essentiel de diffusion. Près d’une soixantaine d’invités accompagneront les nombreux films sélectionnés : cinéastes de premier plan (de Nouri Bouzid, le réalisateur du magnifique Homme de cendres qui viendra présenter Millefeuille, à Fawzi Bensaïdi pour Mort à vendre), critiques cinématographiques (de Giuseppe Gariazzo, éminent auteur transalpin, rédacteur à Filmcritica, à Jean-Michel Frodon, plume hexagonale incontournable). La sélection « A la une » s’impose comme l’ossature principale de ces Rencontres, avec une sélection de films d’origines diverses, de l’Algérie (Yema) à la Tunisie (Où es-tu papa ?), en passant par la Palestine (Derniers jours à Jérusalem) ou la Syrie (Comme si nous attrapions un cobra). En périphérie, les sélections parallèles, comme bien souvent dans les festivals, proposent des chemins de traverse particulièrement passionnants. « Un cinéaste, un parcours » s’attarde pour sa part sur le travail d’un cinéaste en particulier, cette année le réalisateur égyptien Ibrahim El Batout, présent l’année passée à la Mostra de Venise, qui aborde de manière frontale les questions politiques et sociales de son pays. La sélection parallèle « Un critique, deux regards » propose quant à elle de confronter deux films présentés par les critiques invités — aux intervenants susnommés viendront se rajouter Jean-Pierre Rehm du FID et la romancière Sofiane Hadjadj. Soulignons également une importante programmation autour des jeunes talents, forces vives d’une cinématographie contemporaine qui séduit par sa vigueur, et qui représente sans conteste l’une des mutations du cinéma d’aujourd’hui.
Emmanuel Vigne