Le Grand Atelier du Midi au Musée Granet et au Musée des Beaux-Arts de Marseille
Plein soleil
« Maintenant que j’ai vu la mer, je ressens tout à fait l’importance qu’il y a de rester dans le Midi », disait Van Gogh. Car c’est un fait, le Sud est source d’inspiration. En atteste le bien nommé Grand Atelier du Midi.
Avec l’arrivée des grosses chaleurs, rien de tel que d’admirer les paysages méditerranéens au frais dans un musée. Le Grand Atelier du Midi, projet ambitieux, est sans contexte l’un des événements majeurs de l’année. En référence à l’atelier imaginé par le célèbre peintre, l’exposition, forte de plus de deux cents œuvres, n’est pas sans rappeler pourquoi les régions du Sud de la France constituent de véritables pôles de concentration d’artistes d’ici et d’ailleurs.
« Quand la couleur est à sa richesse, la forme est à sa plénitude », écrivait Cézanne. Construit comme un livre, l’exposition s’écrit en deux volets. Le volet marseillais, De Van Gogh à Bonnard, se questionne sur l’éblouissement de la couleur cher à Van Gogh. Le volet aixois, De Cézanne à Matisse, aborde quant à lui la question de la forme poursuivie sans cesse par Cézanne, ce « père de l’art moderne ». Sous le soleil du Midi, exactement, la palette des peintres va s’illuminer pour retranscrire la lumière méditerranéenne : franche, chaude et harmonieuse. Avec elle, les formes se dessinent. Au fil des années et des mouvances, elles vont se simplifier…
Le Grand Atelier du Midi est une invitation au voyage. En parcourant l’exposition, l’estivant traverse environ un siècle (de 1880 aux années 1950/60). Néanmoins, l’agencement ne met pas toutes les œuvres en valeur : tableaux célèbres et inconnus se côtoient et se narguent. L’œil se dirige forcément vers le plus populaire au détriment de la découverte. Mais peu importe, l’Estaque recevant Renoir et Dufy, Aix berçant Cézanne, Matisse peignant Nice, Picasso séjournant à Antibes et Cannes, Signac et Marquet s’inspirant de Marseille… Voilà l’atelier imaginé par Van Gogh devenu réel.
Gaëlle Goulois