Le nouveau Théâtre Joliette-Minoterie
L’Interview
Pierrette Monticelli
Après sept ans d’une « épopée théâtrale » dont ses directeurs se seraient bien passés, la Minoterie, désormais Théâtre Joliette-Minoterie, a enfin ouvert ses portes ! Sa co-directrice, Pierrette Monticelli, revient entre autres sur l’ouverture de ce « nouvel » équipement et ses objectifs artistiques.
Comment situer ce « nouveau » théâtre dans le paysage culturel local ?
Il s’agit d’un très beau théâtre à taille humaine avec lequel nous allons pouvoir poursuivre notre cheminement artistique avec les divers publics auxquels nous restons plus que jamais attentifs. Je pense notamment à celles et ceux qui ont pu nous accompagner quand nous étions au Théâtre de la Minoterie, mais aussi aux anciens et nouveaux habitants du quartier de la Joliette. S’agissant du reste de Marseille, avoir une station de tramway immédiatement à notre porte est une opportunité rare que nous savourons.
Des regrets vis-à-vis de l’ancienne Minoterie ?
La mémoire de ce lieu aujourd’hui détruit pour des raisons immobilières reste présente. Mais plutôt que de rester sur une nostalgie qui pourrait ne pas faire avancer, je dirais que le Théâtre Joliette-Minoterie est l’heureux enfant de son prédécesseur. Pour qu’il puisse avancer, un enfant doit d’une certaine manière dépasser ses parents et ne pas rester dans ce qui serait une admiration béate. En sachant que dépasser ne veut pas dire renier !
Outre une nouvelle visibilité, vous bénéficiez d’un gain évident en termes de commodités architecturales…
Le confort juste pour le confort n’est pas intéressant en soi. Ce qui est davantage signifiant, c’est de pouvoir proposer aux artistes accueillis, aux spectateurs et au personnel des conditions tangibles différentes de celles que nous avions précédemment. Nous sommes désormais dans une configuration améliorée par rapport au contexte matériel parfois un peu rustique de l’ancienne Minoterie. Cela nous permettra, nous l’espérons, de participer le plus honnêtement possible au renforcement de la vie culturelle et sociale du quartier où nous nous situons désormais.
Qu’en est-il de vos axes programmatiques pour la saison 2013-2014 et les suivantes ?
Avec la sincérité qui — je crois — est la nôtre depuis nos débuts, je voudrais dire que nous n’avons pas perdu notre âme ! Au contraire, il y a comme un relogement artistique de quelque chose qui existait auparavant et qui s’inscrit désormais dans une modernité et une contemporanéité renforcées. Nous poursuivrons notre travail avec les artistes locaux inscrits dans le champ des écritures actuelles, que ce soit en matière théâtrale ou chorégraphique. Nous gardons intact notre souci de donner leur chance à de jeunes auteurs. Nous restons sensibles aux pièces qui pourraient de prime abord paraître modestes mais dont le propos nous semble traversé par une vision artistique qualitative méritant d’être soutenue. Nous complèterons les choses par des spectacles d’appel qui soient également de qualité, le tout afin que chaque spectateur s’y retrouve d’une manière ou d’une autre.
Quid des actions en matière de médiation culturelle ?
Là encore, il y aura une constance consolidée dans le modernisme appréciable du nouvel équipement. Parmi nos actions, nous souhaiterions continuer à développer l’appropriation par le plus grand nombre des auteurs et pièces entrant dans le champ des écritures contemporaines. Je pense par exemple aux jeunes scolaires. La bibliothèque de théâtre contemporain que nous avons constituée au fil du temps et qui, à notre connaissance, n’a pas d’équivalent dans le paysage culturel environnant, servira entre autres de moteur. Les compagnies accueillies en résidence continueront ce travail qui pour nous est essentiel : instiller du lien entre les gens par l’art et la culture. Il s’agit de faire converger vers le théâtre une diversité de publics et de créer un certain brassage à cet endroit particulier du territoire marseillais.
Derrière tous ces objectifs volontaristes se pose la question des budgets de fonctionnements qui vous seront ou non attribués…
C’est une vraie question, dans la mesure où les choses ne sont pas acquises. Globalement, les moyens dont nous disposons pour le moment ne sont pas à la hauteur du lieu pour le faire fonctionner correctement sans obérer le développement nécessaire de nos projets. La gestion et les exigences quotidiennes du nouveau site sont beaucoup plus lourdes que l’ancien. l ne serait pas raisonnable de nous laisser fonctionner avec des dotations qui seraient peu ou prou équivalentes à celles nous ayant été attribuées jusqu’ici. Tout le monde doit prendre la mesure de cette situation.
Propos recueillis par Valentin Lagares
Nouveau Théâtre Joliette-Minoterie : place Henri Verneuil, 2e.
Rens. 04 91 90 07 94 / www.theatrejoliette.fr
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