Des nouvelles du Gyptis
Le Gyptis sa toile
Le 23 mai dernier, le personnel, les amis et le public du Gyptis rendaient hommage à Andonis Vouyoucas et Françoise Chatôt pour les vingt-six ans de présidence et de créations à la direction du théâtre. Ils partaient vers la Grèce avec l’envie d’aider là-bas les créateurs à mener à bien leurs projets. Le sort en a malheureusement décidé autrement puisque dans l’étouffante chaleur de début Juillet, Françoise Chatôt s’est éteinte, à Athènes.
Parmi les témoignages de cette soirée, un homme a parlé à la fois de passé et d’avenir, et c’est vers lui, Serge Pizzo, successivement administrateur, trésorier, président de l’association et maintenant vice-président que nous sommes allés pour en savoir plus sur l’avenir du lieu certes, mais aussi sur le devenir des activités théâtrales.
Où en est-on du devenir du Gyptis ? On a évoqué un pôle image… S’agit-il d’une lutte pour le maintien d’une activité théâtrale ?
La piste d’un lieu culturel, ouvert à toute forme de culture, mais surtout dédié à l’image, qui était en construction s’est confirmée ; les trois collectivités ont pris position pour soutenir ce projet. Donc on a créé une association qui s’appelle Gyptis-Belle de Mai et qui aura en charge d’animer le pôle image et gérer la salle et ses mises à disposition pour du spectacle vivant. Le lieu continuera à s’appeler le Gyptis : la moitié du quartier s’est marié grâce au cinéma le Gyptis, on ne peut pas changer le nom…
Et l’activité théâtrale, les crédits alloués à la création, que deviennent-ils ?
Elle est en rapprochement avec la Friche, où l’on est en train de finir deux salles de spectacles (NDLR : inaugurée samedi 19 Octobre). On réorganise l’activité culturelle sur le territoire Friche-Gyptis (sic). En termes d’argent, le Gyptis continuera à exister, intégré dans la Friche, à périmètre budgétaire constant.
Est-ce que ce n’est pas pénalisant pour les gens du quartier, cette délocalisation ?
Le Gyptis n’avait pas vocation à animer un quartier. Il proposait une activité de créations théâtrales pour un territoire bien plus vaste. En tant qu’habitant du quartier, je considère que ce n’est pas un lieu qui ferme, mais trois lieux qui ouvrent : deux salles de théâtres avec un projet (l’activité théâtre du Gyptis) à La Friche et un lieu qui se transforme. Si on fait un peu d’histoire, le lieu devait disparaître il y a quarante ans, englouti par un Sakakini bis. Il y a eu à l’époque une mobilisation forte, le propriétaire a dit qu’il voulait bien céder les lieux si c’était pour une activité culturelle. C’est devenu une salle dédiée à la musique, puis au théâtre et maintenant c’est autre chose, un pôle image ; c’est la vie qui évolue. L’essentiel, c’est que les activités de création et la vie sociale soient maintenues. Le lieu va être rénové, être ouvert le soir, ramener des gens au cinéma, continuer à vivre !
C’est à l’état de promesse ou c’est signé ?
Ah non, ça se construit. Les collectivités se sont engagées par écrit à soutenir le projet ; il y a des demandes de subventions en cours et ils les soutiennent. Ça avance ! Après, on n’est jamais à l’abri d’un revirement, d’un fait du prince. Mais on n’en est pas là et il faut y croire !
Le 23 Mai dernier, un coffret Intégrale des enregistrements INA de la compagnie Chatôt-Vouyoucas avait été remis à Andonis et Françoise. Si le Gyptis devient un pôle image, il abritera peut-être en son sein un espace Vidéothèque-bibliothèque Françoise Chatôt, avec, à disposition, cette intégrale de vingt-six ans de théâtre, de spectacles, de luttes, d’émotions, d’amour, de meurtres, d’incendies, pour faire encore briller toutes les lanternes agitées en ce lieu contre l’obscurantisme et l’ignorance, et faire encore résonner, au fond d’un casque et face à un écran, la magie de ces années de théâtre et de créations.
Propos recueillis par Frédéric Marty