La première séance

Dans une ville mal lotie en matière de diffusion cinématographique, l’équipe de Vidéodrome se lance dans la création d’une nouvelle salle de projection au Cours Julien. Explications

« – Dites-moi, le film de Wim Wenders…
– Il est là ! »
La qualité du catalogue de Vidéodrome fidélise les cinéphiles du cours Ju et d’ailleurs depuis plus de dix ans, et le lieu ne désemplit pas en cette fin d’après-midi de novembre. Tous les âges, tous les styles : l’éventail est large. Les petites pastilles s’échangent, les retardataires paient leur dû, on réemprunte ce que l’on n’a pas eu le temps de voir.

C’est en 2001 que notre collaborateur Emmanuel Vigne fonde ce vidéo-club de quartier, l’un des derniers de Marseille. Il laisse les rênes en 2012 afin d’aller vivre d’autres aventures programmatiques au cinéma Le Méliès à Port-de-Bouc. Une bande de passionnés décide de reprendre le flambeau en trouvant une nouvelle voie économique : la projection. Dès septembre 2012 émerge l’envie d’un nouvel espace, d’un nouveau site qui pourrait rassembler le vidéo-club, une salle de projection, un bar et un espace de vente spécialisée. Cette nécessité d’une nouvelle salle est également guidée par l’envie de palier le défaut de visibilité de certains films.

Vidéodrome 2 sera donc une salle de diffusion et ne comptera pas parmi les salles de cinéma, ces dernières étant soumises aux nombreuses règles techniques et économiques imposées par le Centre national du cinéma. Intégrer le système du CNC permettrait d’obtenir en contrepartie des subventions, mais imposerait d’entrer dans un fonctionnement commercial qui ne correspond pas aux types de films que recherche l’équipe de Vidéodrome.

La ligne cinématographique sera celle de différents programmateurs invités (associations, partenaires…) car il faut que l’esprit éclectique du lieu perdure. Point d’orientations figées donc, mais la volonté de préserver le volet ciné-club, avec valorisation du patrimoine, des séries Z au cinéma de John Ford avec une belle place donnée aux courts. « On souhaite privilégier la diversité des formats, la multitude des âges, des films, afin d’ouvrir à un public aussi large que celui qui pratique le ciné-club actuel. »

Et quelle est la place de la ville dans un projet de valorisation culturelle ? « Il n’est pas du ressort des collectivités territoriales de subventionner des activités à but lucratif, explique Julien Chollat-Namy, tout en continuant de trier les jaquettes de DVD. Elles peuvent subvenir aux besoins des associations seulement. » D’où l’idée d’un appel à contribution lancé sur KissKissBankBank, qui permettrait de constituer un apport personnel pour obtenir le prêt des banques et ainsi commencer au plus tôt les travaux d’aménagement. Le local est déjà trouvé. Il n’y plus qu’à…

Bérengère Chauffeté

Vidéodrome 2 : 8 rue Vian, 6^e.
Rens. 04 91 42 99 14 / www.videodrome.fr

Pour participer à la levée de fonds (jusqu’au 12/12) :
www.kisskissbankbank.com/diffusion-cinematographique-alternative

Soirée de soutien sur le chantier : le 30/11 à Vidéodrome 2 (49 cours Julien, 6^e), à partir de 17h