Docu-drama de Pascal Tessaud (France - 2024 - 1h43), avec Wolf, Almaz Papatakis... Séance proposée par le FIDMarseille
Pascal Tessaud dresse le portrait sans fard d’une société marseillaise éruptive et clivée à travers le personnage de Kaleem, tiraillé entre l’envie de changer de vie, sa famille et son amour pour Marie, une mystérieuse architecte d’origine grecque. Un film choral pour dire que tout est possible à force de détermination et de passion : ici, le krump, vecteur d’une libération éruptive et créatrice des corps encagés.
Style éclectique, forme kaléidoscopique et métissage artistique sont les trois piliers du cinéma de Pascal Tessaud qui mêle le documentaire au film de danse et au thriller, avec une pointe de comédie romantique pour, dit-il, nous « éloigner de la menace tragique ». Car dans les quartiers Nord de Marseille, la vie est codifiée, le verbe est cru, la violence rôde. Témoin des tourments intimes d’une population abandonnée, sa caméra suit les trajectoires de personnages complexes qui osent s’aventurer vers l’inconnu. C’est l’histoire d’une rédemption par le corps, celle de Kaleem, qui va vivre son rêve de minot avec le projet d’ouverture d’une salle de danse multisports. Avec sa superbe bande originale, Dans la peau porte une attention toute particulière aux environnements sonores, reflets de la vie diurne et nocturne de la ville, bruyante, indisciplinée, et aux émotions intenses qui troublent le regard des personnages. Les scènes de danse impressionnantes réunissent la crème du krump marseillais portée par la volonté du réalisateur et d’un collectif d’associations phocéennes qui forment des jeunes dans diverses disciplines artistiques pour la première fois ici à l’écran : Ph’art et Balises, B.Vice et le collectif Les Bonnes Mères.