Jours [et nuits] de cirque(s) sans fin
Démarré le 12 juin dernier, le festival a dépassé son centième jour d’existence et brillamment confirmé son pari d’exister malgré les contraintes sanitaires drastiques exigées au cirque et le silence imposé au monde culturel. Le public du CIAM s’est même renouvelé : touristes, parents en mal d’activité, Aixois et circassiens amis ont profité des beaux jours (et nuits) sous la pinède ou à l’Abbaye de Silvacane. Nous voici à l’épilogue de la manifestation et les rendez-vous s’intensifient avec le Cabaret étoilé, la compagnie De fil et d’Os, les spectacles programmés pour les Journées du Patrimoine que le CIAM espère encore sauver… Sous forme de portes ouvertes, la grande journée des enfants le 23 septembre permettra aux petits d’expérimenter divers arts du cirque en compagnie de professionnels (acrobatie au sol, sur trapèze et sur tissu, équilibre sur fil et sur boule, jonglage...). Puis on s’attardera particulièrement sur des compagnies aux écritures circassiennes très singulières, à l’instar de Ludor Citrik, qui décortique dans sa
Clownférence la figure même du clown et ses différentes représentations. Toujours transgressif, limite trash, poétique et surtout génial ! Avec
The Ordinary Circus Girl, Corinne Linder et Nicolas Quetelard de la compagnie Fheel Concepts viennent alimenter le débat actuel sur le virtuel et le spectacle vivant. Muni de lunettes virtuelles, le spectateur devient acteur du spectacle comme dans un jeu de rôle, avant que tout s’embrouille dans une perte de repères et un bouillonnement sensoriel faisant se chevaucher réalité virtuelle et corporalité. Dans
Résiste de la compagnie Les Filles du renard pâle
, Johanne Humblet tord le fil qui lui sert d’agrès : «
Une pièce pour fil instable, musique viscérale, technicien engagé, funambule secouée ». Enfin, avec
Tacoma, Jonathan Lardillier (compagnie L’Expédition) invente la « méthode des lancers harmoniques », sorte de partition de jonglage identique à celle de la musique, rendant universelle la lecture des numéros. Ainsi des jongleurs éloignés géographiquement peuvent apprendre un numéro commun et l’exécuter ensuite ensemble, une technique totalement Covid-compatible. Cette création, soutenue par le CIAM, met en scène quatre jongleurs et quatre musiciens dans l’énergie d’un son de fanfare traditionnelle du Nord de la France et de jazz band moderne. Ainsi, si l’on souhaite la fin rapide de la pandémie, on aimerait que le festival Jours [et nuits] de cirque(s) soit vraiment sans fin.
Marie Anezin
> Jusqu’au 27/09 au CIAM – Centre International des Arts en Mouvement (Aix).