Le musée Réattu propose, en partenariat avec la Fondation Photographic Social Vision de Barcelone, de découvrir le travail du photographe Jacques Léonard (1909 – 1994), peu connu en France, avec plus de 150 images sélectionnées dans un fonds qui compte plus de 20 000 clichés.
Jacques Léonard a d’abord travaillé dans le cinéma, aux studios Gaumont de Paris, collaborant avec Abel Gance sur plusieurs films dont J’accuse.
C’est au cours d’un voyage pour les repérages d’un film qu’il découvre l’Espagne et s’y installe définitivement en 1952.
Il devient photographe professionnel, collabore à différents organes de presse et monte son propre laboratoire, Publifoto, dédié à la photographie publicitaire.
Il multiplie reportages et travaux jusqu’en 1975, année où il abandonne la photographie pour des raisons de santé.
L'EXPOSITION
Ses images des années 1950 à 1975 témoignent principalement de la vie de Barcelone, rues, marchés, fêtes, parcs d’attractions, foires, port et front de mer avec le développement du tourisme... autant d’images dans une veine humaniste.
Son mariage avec Rosario Amaya, une gitane du quartier de Montjuïc, dans la banlieue de Barcelone, lui ouvre les portes de la communauté gitane. Ayant partagé la vie et le quotidien des baraquements, il a eu toute la liberté de la photographier, portant sur elle le regard bienveillant d’un membre de la famille pendant plus de vingt-cinq ans.
De nombreux photographes ont abordé cette communauté : André Kertész en banlieue parisienne, Josef Koudelka dans les pays de l’Est ou encore Lucien Clergue et Mathieu Pernot à Arles. Chacun d’entre eux s’est attaché à tisser des liens personnels avec cette communauté très fermée, sésame indispensable pour pouvoir les photographier.
Dans ce concert de grands noms, les images de Jacques Léonard constituent l’une des collections les plus importantes sur la culture gitane.
Deux séries historiques exceptionnelles sont à part dans son travail :
- Évadés de 1943, reportage sur le passage par l’Espagne de jeunes Français qui fuyaient le fascisme pour embarquer à Malaga vers l’Afrique et la liberté.
- La División Azul de 1954, qui témoigne du retour en Espagne, 9 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, des membres de la División Azul (250e Division d’Infanterie de la Wehrmacht) à bord du navire Semiramis. 45 000 hommes avaient été recrutés par Franco pour aider l’armée nazie dans l’invasion de la Russie.
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Commissariats : Maria Planas, Fondation Photographic social Vision, Barcelone. Daniel Rouvier, conservateur en chef et directeur du musée Réattu.
En partenariat avec la Fondation Photographic Social Vision de Barcelone
Article paru le mercredi 7 juin 2023 dans Ventilo n° 484
Jacques Léonard – L’Esprit nomade au Musée Réattu
Partons vers Barcelone, depuis Arles. Et avec Jacques Léonard, s’il vous plaît. Conformément au médium local préféré, on y va via la photo, au départ du Musée des Beaux-Arts. Avec cent cinquante clichés de la communauté gitane, datés des années 50 à 75, Léonard tire le portrait de l’intérieur d’une vie quotidienne, lui valant le rapprochement avec ce que l’histoire de l’art appelle le courant de la photographie humaniste. Passé par le cinéma de chez Gaumont puis beurrant ses épinards avec la photographie publicitaire, le semi-gadjo (sa veine gitane venait de son père) image en argentique l’ordinaire avec des compositions extraordinaires. Elles sont dynamiques, comme dans
División Azul, avec des embrassades poignantes ; décalées, comme aux Arènes de Malaga avec une foule d’hommes sérieux, un moins sérieux, et un tout petit chien dans un panier ; ou contrastées, avec visages sereins, occupés et tissu à pois, avec
La Tuna, Passage de la Vinyeta. Entre reportages historiques et intimité d’une culture, ses pellicules parfois voilées de mystère — pour cet artiste peu connu en France — se découvrent là, emblématiques et inédites.
MD
> Jusqu’au 1/10 au Musée Réattu (Arles)