Évasions #1 à l’Institut de l’Image
En roue libre
L’équipe de l’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence, dont les rétrospectives — brillantes — essentiellement bâties sur le cinéma de répertoire nous enchantent chaque mois, présente son premier cycle depuis la réouverture des salles : avec Évasions #1 (la seconde partie est attendue en juillet), c’est bel et bien l’âme et la puissance du cinéma qui est au centre de l’écran, à travers onze films incontournables.
Sabine Putorti, programmatrice et directrice de l’Institut de l’Image, nous le rappelait dans un récent entretien : «
Le cinéma est toujours le lieu de la liberté, de l’émancipation, de l’affranchissement. » Au sortir d’une longue période sans qu’aucune image ne se soit animée sur les écrans, le désir est aujourd’hui bien réel, si prégnant, empreint d’une liberté retrouvée d’œuvres à (re)découvrir et partager.
Le titre du nouveau cycle ciselé pour cette réouverture par l’Institut de l’Image résume à lui seul cet appétit :
Évasions #1, résonnant comme une invitation à tous les voyages et les champs du possible qu’offre le cinéma — évasions temporelle, géographique, émotionnelle —, déroulera une programmation de onze films incontournables, comme autant d’expériences majeures qui permettront de nous
relier à la salle obscure comme dispositif incontournable de l’existence même du film.
Le plus souvent en copies restaurées, des perles inédites viendront s’ajouter aux grands classiques, dont fait bien évidemment partie le sublime
Drôle de drame de Marcel Carné, qui ouvre ici le bal, summum de la prose distillée par Jacques Prévert pour le langage cinématographique : on a tous en mémoire le fameux «
J’ai dit bizarre, comme c’est bizarre » lors du déjeuner confrontant les immenses Louis Jouvet et Michel Simon !
La diversité des regards — et des chefs-d’œuvre — est donc de mise lors de ce nouveau cycle, qui égrènera le magnifique
La Mère de Mikio Naruse ou
Je suis un aventurier, réalisé par un Anthony Mann au sommet de son art, portrait d’un personnage complexe incarné par James Stewart, opus écrit par Borden Chase, grand scénariste du western.
Sans oublier bien évidemment les incontournables
Certains l’aiment chaud de Billy Wilder,
Dillinger est mort de Marco Ferreri ou le flamboyant
Raining in the mountain de King Hu, qui influencera tous les films du genre jusqu’aux années 2000.
Au rayon des raretés cinématographiques à découvrir sans réserve, citons la double projection non dénuée d’humour et simplement intitulée
1973, qui nous offre une double découverte : la restauration en numérique de l’intrigant et non moins passionnant
The Wicker Man de Robin Hardy et l’inédit opus du maître Georges A. Romero
, The Amusement Park, tous deux sortis la même année ! Une séance sous forme de diptyque que viendra présenter l’excellente structure d’édition Rouge Profond, souvent citée dans ces colonnes.
Enfin, le cycle s’achèvera par deux opus du brillant réalisateur nippon Kôji Fukada,
Au revoir l’été et
Hospitalité, ce dernier étant ce mois-ci l’un des films les plus attendus en salles.
Emmanuel Vigne
Évasions #1 : jusqu’au 29/06 à l’Institut de l’Image (Salle Armand Lunel, Cité du Livre – 8/10 rue des Allumettes, Aix-en-Provence).