Ardentes

Mise en regard de quatre films d’animation japonaise, depuis les années 1970 jusqu’à nos jours

Le cycle Ardentes propose de mettre en regard quatre films d’animation japonaise, depuis les années 1970 jusqu’à nos jours.

Quatre récits, quatre styles d’animation différents, qui chacun mettent en avant des héroïnes étonnamment loin des rôles attentistes ou passifs qui sont souvent le lot de leurs homonymes occidentaux aux mêmes époques. Quatre films qui représentent également des personnages féminins antagonistes, brûlant d’aspirations contradictoires, impitoyables forces d’oppositions.

On les connaît sous les noms de Jeanne, Mimi, Rumi, Chihiro, Lin, Hanuki. Parfois, elles ne sont pas nommées ; désignées seulement par des termes génériques, tels que « otome » (littéralement, jeune fille en japonais), ou par leur titre (Milady). Une diversité de femmes, humaines ou surhumaines, de l’enfant à la femme âgée ; toutes constituent les énergies motrices de ces histoires.
Mises à l’épreuve dans des mondes dont elles ne maîtrisent pas toujours les lois, elles sont souvent contraintes de contourner, transgresser, négocier. Certaines passent des marchés qui ne font que se retourner contre elles. Pourtant, aucune ne cède ni ne se soumet : qu’elles recourent à la violence et à la manipulation, ou qu’elles remportent la victoire dans les règles, toutes trouvent le chemin vers leur puissance, elles révèlent le feu qui les habite. Elles reprennent le pouvoir.

De 1973 à 2017, le cycle offre une vue d’ensemble sur quelques-uns des grands noms de la japanimation : d’abord, Eiichi Yamamoto, mangaka et grand collaborateur d’Osamu Tezuka, qui a notamment travaillé sur Le Roi Léo, influence majeure dans l’histoire du cinéma d’animation à l’international. Ensuite, Satoshi Kon, redécouvert récemment en France à travers le documentaire Satoshi Kon, l’illusionniste de Pascal-Alex Vincent (2021), qui laisse derrière lui après son décès brutal à l’âge de 46 ans une œuvre courte et inachevée, pourtant parmi les plus diffusées et les plus influentes de la culture cinématographique japonaise contemporaine. Bien sûr, on trouve le nom de Hayao Miyazaki, co-fondateur du studio Ghibli, et référence incontournable dont le nom n’est plus à faire. Enfin, le cinéaste Masaki Yuaasa, réalisateur prolifique dont la signature se retrouve sur des formats courts comme longs (Devilman Crybaby, Mindgame…), qui rafraîchit les écritures contemporaines du cinéma d’animation.

Videodrome 2
Du 19 mai au 22 mai 2022
Prix libre, conseillé : 5 € (+ adhésion annuelle : 5 €)
www.videodrome2.fr
49 cours Julien
13006 Marseille
04 91 42 75 41

Article paru le mercredi 11 mai 2022 dans Ventilo n° 464

Cycle "Ardente" au Vidéodrome 2

Bandes de filles

   

Au Vidéodrome 2, le cycle « Ardentes, personnages féminins dans le cinéma d’animation japonais » nous propose quatre mangas incontournables dont les personnages féminins constituent les énergies motrices.

  Dans la représentation des personnages féminins au cinéma, la production japonaise s’est souvent éloignée des stéréotypes occidentaux, développant de fait de fortes héroïnes certes en proie au patriarcat, mais vent debout pour s’y opposer. Quand, dans les années 50, ces personnages féminins du cinéma occidental — France, Amérique du Nord, Angleterre en tête — peinaient à sortir du diptyque femme au foyer / femme fatale, au même moment, Mikio Naruse égrenait une longue filmographie où s’entrecroisaient de nombreuses femmes en lutte, leur opposant un monde masculin souvent dépeint comme lâche et rustre.  Une écriture que l’on retrouvera également, plus tard, dans la production animée : les mangas ont offert tout un éventail de personnages passionnants, portés par un véritable feu, une passion qui les rend hors du commun. Au Videodrome 2, le cycle « Ardentes, personnages féminins dans le cinéma d’animation japonais » nous invite à explorer à travers quatre films majeurs les récits de ces héroïnes flamboyantes. À commencer par l’un des mangas majeurs des années 70, le fameux Belladonna of Sadness d’Eiichi Yamamoto, aventure graphique inédite pour l’époque, inspirée de La Sorcière de Michelet. Ce manifeste féministe teinté d’érotisme restera l’un des chefs d’œuvre de ce mangaka disparu l’année dernière. Autre classique de ce cycle, puissant polar porté par une héroïne anthologique, le Perfect Blue de Satoshi Kon était l’un des classiques incontournables dans le cadre de cette thématique. Après un détour par l’immense Hayao Miyazaki avec Le Voyage de Chihiro, « Ardentes » s’achèvera par la découverte du très beau The Night is short, walk on girl de Masaaki Yuasa, œuvre atypique et visuellement étourdissante.  

Emmanuel Vigne

Cycle « Ardentes » : du 19 au 22/05 au Vidéodrome 2 (49 cours Julien, 6e). Rens. : www.videodrome2.fr

Le programme complet du cycle Ardentes ici