Cycle italien
Le rêve italien
Jusqu’au 27 août, la troisième édition du Cycle Italien, au Cinéma les Variétés, en partenariat avec l’Institut Culturel Italien de Marseille, offre de nouveau un très beau panorama cinématographique. Au menu, quelques uns des plus grands opus du cinéma transalpin !
Au sortir de la crise du covid, l’une des industries cinématographiques européennes qui périclitèrent fut indéniablement le cinéma italien. Nous n’étions pas loin de sonner le glas d’une production qui compta parmi les plus importantes dans l’histoire de l’image en mouvement : les salles transalpines baissaient à tour de bras leur rideau, et le système de création se révélait réellement à bout de souffle. En 2023, toutes les forces vives, dont la participation directe des auteurs et des artistes, se mobilisèrent pour réveiller une industrie majeure dans le pays : l’Italie connut ainsi un sursaut, un essor inattendu et salutaire. Avec l’obligation de sortie en salles des productions aidées par l’État, des opérations tarifaires d’ampleur, un large réinvestissement dans les studios de Cinecittà, le succès des œuvres italiennes sur grand écran, à l’instar de l’excellent
Il reste encore demain de Paola Cortellesi, force est de constater qu’avec une véritable entraide collective et un soutien intelligent des partenaires financiers, ce vaste défi a pu être relevé.
Dans la cité phocéenne, l’occasion nous est donnée de plonger derechef au cœur de la richesse de ce cinéma transalpin d’exception : avec la troisième édition du Cycle Italien au cinéma les Variétés, et en collaboration avec l’Institut Culturel Italien de Marseille, les plus grandes pages de cette histoire cinématographique se déploieront sur grand écran, dans des copies magnifiquement restaurées en numérique.
Toutes les époques, depuis la fin de la guerre, seront quasiment représentées, jusqu’à la création contemporaine, avec la séance du magnifique
Gloria ! de Margherita Vicario, invitée pour l’occasion, opus tout à fait passionnant dont l’action se déroule dans la Venise du 18
e siècle, et dont l’excellent démarrage dans les salles hexagonales n’est pas sans nous ravir !
Par ailleurs, l’événement mettra tout particulièrement en lumière l’œuvre d’un des plus grands noms du cinéma italien, Luchino Visconti. Avec
Ossessione (
Les Amants diaboliques), en 1942, le réalisateur ouvrit la page du néoréalisme : il la refermera lui-même une quinzaine d’années plus tard, avec
Nuits blanches, et plus encore
Le Guépard, s’estimant «
convaincu de la nécessité de s’engager dans une voie très différente de celle que le cinéma italien suivait alors, le néoréalisme étant devenu une expression transformée en condamnation. » Cinq films permettront d’embrasser lors de ce cycle le génie de Visconti :
L’Innocent,
Ludwig ou le crépuscule des Dieux,
Senso,
Bellissima et bien sûr,
Le Guépard.
L’équipe organisatrice ayant désiré s’attarder sur l’un des genres majeurs de la production transalpine, cette dernière s’est bien évidemment intéressée à l’œuvre de Luigi Comencini, « figure incontournable de la comédie italienne d’après-guerre », dont l’œuvre bénéficia également, en France, d’un bel effort de restauration. Avec
La Traite des blanches,
À cheval sur le Tigre,
Casanova, un adolescent à Venise,
Maris en liberté ou
La Belle de Rome, le cinéaste sut au fil des œuvres mêler la comédie à la satire sociale, portant un regard acéré sur l'histoire populaire de son pays.
Enfin, trois films viendront nourrir la sélection parallèle « Grandeur et décadence », un thème cher au cinéma italien, profondément ancré dans une mythologie qui bâtit son inconscient collectif :
La Grande Belleza de Paolo Sorrentino,
La Grande Bouffe de Marco Ferreri, mais surtout le chef d’œuvre d’un cinéaste trop méconnu d’un large public, Tinto Brass, qui signa en 1976 une version démiurgique de
Caligula, campée par un Malcolm McDowell extatique et magistral !
Emmanuel Vigne
Cycle italien : jusqu’au 27/08 au Cinéma Les Variétés (37 rue Vincent Scotto, 1er).