La Prisonnière du désert de John Ford

Cycle John Ford

Western Story

 

L’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence propose au mois d’octobre un cycle cinématographique consacré à l’un des plus importants réalisateurs de l’histoire, John Ford, qui sera par ailleurs à l’honneur de nombreuses salles régionales via Cinémas du Sud.

 

Il existe pléthores d’analyses de l’œuvre de John Ford, dont les plus brillantes sont à chercher chez Gilles Deleuze, Patrick Brion ou Jean Douchet. Il reste évidemment chimérique d’en embrasser la puissance en un seul article, tout au plus pouvons-nous rappeler la force cosmique — voire panique — de cinq décennies d’écriture(s) cinématographique(s) qui ont marqué au fer rouge le cinéma américain. John Ford, dont la carrière débute à l’époque du muet, lors de la naissance des grands studios hollywoodiens, traversera plusieurs périodes créatrices, le paroxysme de son génie se libérant, selon l’avis des susnommés, dès la moitié des années quarante. Le western s’y taille la part du lion, la conquête de l’Ouest comme vecteur épistémologique de la construction du mythe, pour une nation « sans histoires », comme aimait à le rappeler Godard. On pénètre l’œuvre de Ford comme on entre en religion, sans que les clés nous soient toutes délivrées. Chacun son Ford, en quelque sorte, souligne Jean-François Rauger. Mais au-delà, c’est une maîtrise formelle, romanesque, épique, qui frappe d’emblée le spectateur, à l’instar des Raisins de la colère, de L’Homme tranquille ou de La Prisonnière du désert, l’un de ses plus beaux films. Autant Hawks reste traversé par le mythe du héros solitaire, autant le cinéma de Ford prend en compte la dimension collective dans laquelle les personnages opèrent, naviguant de l’un à l’autre tel un cycle sans fin. Il faut noter au demeurant toutes les contradictions du cinéaste — contradictions dont se dégage toute son humanité —, qui participeront à construire son propre mythe. L’une des excellentes nouvelles de cette rentrée, pour tout amoureux du cinéma, est la ressortie en salles — et en version numérique restaurée — d’une poignée d’œuvres de John Ford, qui seront largement visibles dans la région : d’une part, l’équipe de l’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence consacre au cinéaste son très beau cycle d’octobre, avec douze opus à la clé, balayant les différentes périodes du réalisateur, d’autre part, Cinémas du Sud, association de promotion du cinéma qui regroupe de nombreuses salles régionales, offre l’occasion à ces dernières de travailler sur quelques pièces maîtresses de John Ford, en compagnie du critique cinématographique Pierre Gras.

Emmanuel Vigne

 

Cycle John Ford : à partir du 7/10 dans 19 salles de cinéma en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Rens. : www.cinemasdusud.fr

Cycle John Ford, un monument du cinéma : du 7 au 27/10 à l’Institut de l’Image (Cité du Livre – 8/10 rue des allumettes, Aix-en-Provence).
Rens. : 04 42 26 81 82 / www.institut-image.org

Le programme du cycle John Ford ici