Fabienne Sartori – Nouvelles du chantier naval (Vanloo editions)
Fabienne Sartori nous livre un récit qu’on peinerait à enfermer dans un genre : par moments lyrique, poétique, chantant un âge d’or à la fois aliénant et ensoleillé, il est aussi empreint de révolte et se nourrit de nombreux travaux en sciences sociales et de témoignages.
Il nous parle de l’agonie d’une activité qui a nourri un territoire (le chantier naval, donc), s’apparentant ainsi à une quasi étude sociale (focus sur l’ANPE, la cité, la famille…), mais, par la forme de la nouvelle, permet une fluidité et un rythme très agréable.
Dans une suite de chapitres plus thématiques que reliés entre eux par un quelconque fil narratif, Fabienne Sartori essaie donc de rendre compte des traces dans le paysage de l’activité de la construction navale, que ce soit par les installations, les engins, ou l’architecture des cités ouvrières, mais aussi de leur liquidation.
Elle propose un premier récit qui ressemble certainement à son engagement, celui d’être au plus près des classes ouvrières et de pointer cette captation d’un héritage culturel par d’autres classes de la population.
Ce texte nous apparaît important et clair, fort et précis, drôle et actuel. Un certain regard humain et conscient face à un monde difficile et en mutation.
A noter, le beau travail des éditions Vanloo, toute jeune maison tenue par Philippe Hauer, qui, en choisissant d’éditer ce texte, conforte une voie dans sa politique éditoriale.
Céline Rothlisberger / Librairie Prado-Paradis
Rens. : www.editionsvanloo.fr