L'éden théâtre

L'Eden Théâtre de La Ciotat

CineCiotat

 

Le 9 octobre 2013, la doyenne mondiale des salles de cinéma, l’Eden Théâtre de La Ciotat, rouvre officiellement ses portes, avec une programmation kaléidoscopique qui viendra renouer avec l’essence de la cinéphilie, du patrimoine aux créations contemporaines.

 

Quant bien même devons-nous relativiser les dernières saillies du duo Spielberg / Lucas, jadis issus du Nouvel Hollywood, pronostiquant la mort d’un cinéma dont la seule et unique focale serait désormais financière (déclaration gag de la part de deux réalisateurs mainstream qui n’apportent aujourd’hui plus rien de tangible à la création), il faut reconnaître qu’il y a bel et bien quelque chose de pourri au royaume du cinéma. Certes, la dissidence existe toujours de-ci de-là, l’héritage perdure par la ferveur de quelques passionnés, les formes évoluent peu ou prou, se renouvellent, innovent parfois, mais un lien semble s’être brisé et les luttes, essoufflées. A tous les postes, de l’écriture à l’exploitation, en passant par les modes de production ou les mécanismes de tournage, la passion, l’expérimentation, la bravoure, voire l’imprudence se sont substituées à la crainte de l’échec financier, aux risques de ne pas trouver son public, à l’affolement d’une non programmation télévisuelle ou d’une absence de subvention. C’est dans cette ambiance délétère que s’opère la résurrection du plus ancien cinéma au monde encore en activité, l’Eden Théâtre, à La Ciotat, ville que chérissait particulièrement Antoine Lumière, qui en fera l’une des succursales de ses usines lyonnaises. Au point d’y tourner son fameux Train entrant en gare… Nous n’ouvrirons pas ici le débat sur les pionniers de la naissance du cinéma (qui d’Edison ou des Lumière, voire de Max Skladanowsky, peut s’arroger son invention ?), mais constaterons en effet que la Région (a fortiori le jumelage La Ciotat-Marseille) est incontestablement une terre historique de cinéma. C’est de cet héritage dont veut s’inspirer la nouvelle équipe dynamique qui aura en charge de faire vivre ce lieu mythique. Avec aux commandes la pétillante Emmanuelle Ferrari, exploitante au parcours impressionnant, l’ambition affichée pour la salle renoue avec les grandes heures de la diffusion cinématographique. L’Eden n’échappera pas au jeu d’équilibriste inhérent à tout cinéma « mono-écran », celui d’un pari audacieux contraint aux règles économiques, mais annonce un appétit avoué de mêler projection d’œuvres restaurées du patrimoine, cartes blanches à diverses structures ou festivals, ciné-concerts, découverte de films rares, lieu d’éducation à l’image et diffusion d’une création contemporaine tournée vers la recherche de nouvelles formes. A l’heure où il est de bon ton de se plaindre de la frilosité de l’exploitation cinématographique régionale, la réouverture de l’Eden s’impose comme une alternative passionnante sur laquelle tout cinéphile digne de ce nom devra sans nul doute porter son attention.

Emmanuel Vigne

 

Eden Théâtre (Boulevard Georges Clémenceau, La Ciotat). Rens. 04 42 04 72 62 / www.edentheatre.org / www.mp2013.fr

Inauguration le 9/10, avec projection d’un montage de films Lumière tournés à La Ciotat, puis de Sur les quais d’Elia Kazan (film restauré par la World Cinema Foundation de Martin Scorsese)