After Party à la Friche la Belle de Mai
After Party est un troublant ballet qui propose le spectacle d’un
dancefloor noyé de lumière, pailleté et arpenté par des globules aspirateurs avalant et rejetant, à l’infini, le volume de leurs agapes. Cette chorégraphie numérique joue une fête que les noctambules ont abandonnée, mais que des machines continuent d’animer. Il y a bien plus que cela dans ces scintillantes routes roses qui se tracent et se retracent au fur et à mesure que les robots se croisent. Ils passent leurs chemins dans une indifférence générale les uns envers les autres, s’appropriant l’empreinte des précédents. Cette danse incessante suscite une émotion étrange et prête à une réflexion sur la technologie. Le rythme est lancinant et règnent, seuls, le ronronnement des machines et le crépitement des paillettes. De la futilité flotte dans l’air glauque de cette patinoire lumineuse et la présence du spectre de l’automatisation est palpable. Ces ébranlements font de l’
After Party une parabole d’un génie pur, immanquable, où on peut rester hypnotisé des heures durant. Qu’est-ce qui est important ? Qu’est-ce qui ne l’est pas ? Y a-t-il une réponse ? Chacun repart avec son propre état d’esprit, embarrassé ou émerveillé par ce qui est, avant tout, un spectacle de machinerie moderne superbement réglé.
Jean Madeyski
> Jusqu’au 22/01 à la Friche la Belle de Mai (3e)