After Party

Installations numériques : Please love party de Pierre Pauze, Imagine there was no roof de David Helbich, Puff Out de :Mentalklinik et Bogus I de Kris Verdonck

Poursuivant le voyage du crépuscule jusqu’à l’aube, le Panorama de la Friche donne l’impression d’un décor de fête que les noctambules auraient abandonné mais où les machines continuent de fonctionner de manière autonome, étincelles d’une fête infinie. 

La nuit a toujours été vue comme un espace à contrôler par le pouvoir politique, et la fête autorisée dans le cadre d’un divertissement bien limité, comme une parenthèse temporaire du travail et de la sociabilité. Le rêve, le sensuel, le festif, modifient les équilibres jusqu’ici établis entre travail et jeu, raison et passion, abstraction et émotion, et compensent la méfiance à l’égard de l’avenir et du progrès, ainsi que le manque d’investissement dans le futur. Ici pourtant, dans les paillettes et la danse des automates-robots se niche le sentiment du factice tels les fantômes et les spectres de notre société actuelle.


Tour-Panorama / Friche La Belle de Mai
Jusqu'au 22/01 - Mer-ven 14h-19h + sam-dim 13h-19h
0/3/5 €
https://chroniques.org/
41 rue Jobin
Friche La Belle de Mai
13003 Marseille
04 95 04 95 04

Article paru le mercredi 14 dcembre 2022 dans Ventilo n° 474

After Party à la Friche la Belle de Mai

After Party est un troublant ballet qui propose le spectacle d’un dancefloor noyé de lumière, pailleté et arpenté par des globules aspirateurs avalant et rejetant, à l’infini, le volume de leurs agapes. Cette chorégraphie numérique joue une fête que les noctambules ont abandonnée, mais que des machines continuent d’animer. Il y a bien plus que cela dans ces scintillantes routes roses qui se tracent et se retracent au fur et à mesure que les robots se croisent. Ils passent leurs chemins dans une indifférence générale les uns envers les autres, s’appropriant l’empreinte des précédents. Cette danse incessante suscite une émotion étrange et prête à une réflexion sur la technologie. Le rythme est lancinant et règnent, seuls, le ronronnement des machines et le crépitement des paillettes. De la futilité flotte dans l’air glauque de cette patinoire lumineuse et la présence du spectre de l’automatisation est palpable. Ces ébranlements font de l’After Party une parabole d’un génie pur, immanquable, où on peut rester hypnotisé des heures durant. Qu’est-ce qui est important ? Qu’est-ce qui ne l’est pas ? Y a-t-il une réponse ? Chacun repart avec son propre état d’esprit, embarrassé ou émerveillé par ce qui est, avant tout, un spectacle de machinerie moderne superbement réglé.

Jean Madeyski

 

> Jusqu’au 22/01 à la Friche la Belle de Mai (3e)

Rens. : https://chroniques.org / www.lafriche.org

www.journalventilo.fr/sortie/118171

Le programme de la Biennale ici