"Fuite, errance, passages, exil, migration, immigration, traversées, abandon, frontières : bien des œuvres contemporaines déclinent les régimes de l’exclusion, de l’exil, qui se jouent aussi bien au plan des déplacements forcés qu’au plan de l’exil intérieur.

Les œuvres du Cnap exposées au Centre Photographique Marseille sont autant de constellations témoignant de la « vie mutilée » selon la formule du philosophe Adorno. Elles prennent place dans un chantier qui prend la forme d’une enquête sur des récits de formes de vie dessinant une anthologie poétique du racontage, comme cela a été maintes fois évoqué à propos de Walter Benjamin.

Six importantes entrées visuelles et sonores instaurent six ponctuations en dessinant le parcours de cette exposition : L’Exil intérieur (Frédérique Lagny), Le Babel des idiomes (Félix Blume), Le Vide et la marche (Mehdi Meddaci), Le Territoire disparu (Randa Maddah),  Mnémosyne (John Akomfrah) et Combattre dans l’exil (Marwa Arsanios).

Dits et écrits dispersés (Exils, passages et leurs récits) constitue le dernier volet d’un triptyque consacré aux essais documentaires de la collection des films du Cnap, composé des expositions Inquiétudes des temps présentée à l’Abbaye de Maubuisson en 2021, et Les Sentinelles, à l’Institut du monde arabe de Tourcoing en 2022-2023.

Les œuvres ici témoignent de leur capacité à décrypter et cartographier le présent, à engager l’imaginaire à chaque configuration signifiante, en mobilisant ce que Siegfried Kracauer nommait l’estrangement."

— Pascale Cassagnau