Les Coriaces sans les voraces de Claude Hirsch

13e Semaine Asymétrique au Polygone Étoilé et au FRAC PACA

Le temps de l’image

 

Début décembre, l’équipe de Film Flamme et le Polygone Étoilé, ce lieu hors cadre et unique au sein de la cité phocéenne, présentent la treizième édition de la Semaine Asymétrique, un voyage sans chemin balisé au cœur de la création cinématographique.

 

Dans un système oligarchique et jacobin indéniablement coercitif en ce qui concerne la diffusion d’œuvres cinématographiques — le CNC, affichant une volonté de ne pas « embouteiller les salles de cinéma », a créé un système verrouillé où les films dits « en marge » ne trouvent plus place sur nos écrans —, la question sur l’avenir même d’un art de l’image en mouvement où s’interrogent encore et toujours les sujets de formes, de langages, de ré-enchantement, d’expérimentations, se pose ici et maintenant de manière cruciale : comment cet art peut-il se renouveler si son émancipation passe par un formatage industriel de plus en plus évident ? Quelques pistes de réponses se trouvent au sein d’un des lieux de cinéma les plus importants de l’hexagone : le Polygone Étoilé, qui propose en effet, du 2 au 9 décembre, la treizième édition de sa Semaine Asymétrique, magnifiquement nommée À brûle pour poing. Cet espace (espèce ?) de liberté, où le cinéma se fabrique, se pense, se projette, s’écoute collectivement, s’inscrit non seulement dans une histoire même de ce que furent les gestes parfois fondateurs des langages filmiques, mais remet également, par un dispositif des plus éclairés, le spectateur au cœur du processus créatif. Le principe reste inchangé : proposer durant une semaine aux cinéastes d’accompagner leur(s) film(s), sans ligne directrice, sans prix, sans honneurs, sans format(age) standard. Ou la liberté d’une perception de l’image individuelle et collective. Une pléiade de films y seront présentés, ainsi que de larges temps d’échanges. Pour n’en citer qu’une poignée : le dernier film de Claude Hirsch, Les Coriaces sans les voraces, La Profondeur du silence de Jean-Luc Gergonne, La Place publique de Natacha Samuel, Mélodie d’Anna Feuillou, Moi autobiographie de Pierre Merejkowski, ou le sublime 1999 ou la belle humeur de Jean-François Neplaz et feu Jean-Paul Curnier. Même s’il n’y a là nul désir d’éditorialiser une programmation libre et ouverte, notons trois rendez-vous importants qui ponctueront également cette fameuse semaine : le temps d’échanges, au matin du mardi 5 décembre, qui s’inscrit dans la lignée des Assises Nationales de la Création Indépendantes, l’attention portée par Mario Brenta et Karine de Villers à l’école de cinéma l’Aura, et la belle collaboration bâtie avec le FRAC, avec lequel l’équipe du Polygone travaille depuis un certain temps. Cette Semaine Asymétrique reste particulièrement un temps fort dans une certaine idée que l’on peut avoir du cinéma, mais le réel soutien à ce lieu d’exception dont Marseille peut s’enorgueillir est indéniablement de s’y intéresser tout au long de l’année, et de suivre les multiples propositions qui s’y déroulent.

 

Emmanuel Vigne

 

13e Semaine Asymétrique : du 2 au 9/12, au Polygone Étoilé (1 rue François Massabo, 2e) et au FRAC PACA (20 boulevard de Dunkerque, 2e).
Rens. : 04 91 91 58 23 / www.polygone-etoile.com
Le programme complet de la Semaine Asymétrique ici