Identités Remarquables | Tchoune Tchanelas
Bohémiennes rhapsodies
Tchoune Tchanelas est une structure de laquelle naissent différentes formations et spectacles. Toutes tendent vers le flamenco fusion. Explications.
Difficile de comprendre l’appellation Tchoune Tchanelas sans revenir sur ses origines. Tchoune d’abord, pour l’artiste qui se cache derrière ce nom à la fois de scène et de tous les jours, clin d’œil au terme provençal pitchoun (terme affectueux désignant un petit enfant). Tchoune, artiste, pianiste, violoniste surtout, directeur artistique et producteur. Tchanelas pour « savoir » en caló (langue gitane). Le tout raconté par Martial Paoli, le Monsieur interview de l’équipe. L’équipe ? Difficilement quantifiable, tant les formations qui la composent sont nombreuses. Flamenclasico, Chants Sacrés Gitans en Provence, Flamencoriental… Autant de projets qui viennent croiser différents styles, personnes et énergies. Martial Paoli décrypte : « Pour chaque spectacle, Tchoune fait appel à différents chanteurs et instrumentistes qui correspondent aux styles visés. Bien sûr, il y aussi un noyau dur, certaines personnes que l’on retrouve d’une formation à l’autre. » Mais alors, comment ne pas s’éparpiller dans ce joyeux mélange ? « On n’a peut-être pas de message commun à part celui de procurer du plaisir, mais la direction artistique menée par Tchoune permet de garder le cap, de faire vivre une idée. » Une ligne sur laquelle Tchoune Tchanelas pose volontiers un nom : le flamenco fusion. Aussi, comment ne pas se tromper de cible ? « On n’a pas à proprement dire de public cible, les spectateurs vont venir chercher quelque chose qu’ils aiment. Ils peuvent avoir vu ou entendu plusieurs spectacles et à chaque fois y trouver quelque chose qu’ils apprécient. On sert une idée globale. » Une touche musicale que Tchoune n’a pas forcément conceptualisée avant d’appliquer.
« On joue tout le temps ! »
Car c’est l’une des questions qu’il s’entend le plus poser : « Où avez-vous appris à faire de la musique ? » Tchoune s’en offusquerait presque, tant l’idée de chanter et produire des sons est naturelle pour lui. Dans Tchoune Tchanelas, du fait de Tchoune, on retrouve évidemment la couleur gitane. « Tous les artistes de la formation ne sont pas gitans, mais en partie » raconte Martial, avant d’évoquer à nouveau le « terreau commun » à toutes les formations provenant de Tchoune Tchanelas. Habitués à se produire au cœur d’églises ou de cathédrales, les chanteurs et instrumentistes ont la force de pouvoir jouer leur spectacle en acoustique ou sonorisé. Martial le confie : « Nous avons une nette préférence pour l’acoustique, pour son aspect brut et sincère. » Dans les dates de concerts passés ou à venir figurent les Saintes-Maries-de-la-Mer, lieu hautement symbolique de la communauté et culture gitane. Dans les tuyaux : l’enregistrement en studio pour le projet Flamencoriental, croisement entre flamenco et musique orientale, avec la présence du chanteur algérien Fouad Didi. Egalement : une résidence à la Cité de la Musique de Marseille pour l’année 2017. Et des spectacles en toutes saisons. « Bien sûr, nous sommes présents sur les festivals printemps/été mais en fait, on joue tout le temps ! » Pour décrire Tchoune Tchanelas, Martial parle de « musique du monde d’ouverture ». Pas toujours facile, pourtant, de trouver la fusion. « Il s’agit de trouver le bon angle, la meilleure approche. »
Pendant l’interview, on entend parfois Tchoune ajouter un élément, se fendre d’une précision. On saisit par bribes la complicité qui les unit… La rencontre s’est faite quelques années en arrière, sur fond musical, forcément : « Tchoune cherchait un pianiste pour accompagner un chanteur classique et pour la petite histoire, on a bien failli se manquer ce jour-là. » Il semblerait que les deux hommes se soient bien trouvés depuis.
Charlotte Lazarewicz