21e Festival cinématographique d’Automne de Gardanne
Contes d’Automne
L’un des grands festivals régionaux fait sa rentrée, investissant Gardanne, qui devient ainsi, le temps d’une dizaine de jours, un lieu de découvertes privilégié à l’usage des cinéphiles de tous poils.
L’ancienne cité minière ouvre la saison cinématographique automnale, avec pour seule — et noble — prétention de revenir sur les grands moments de l’actualité du Septième Art, sans chercher l’originalité et la pertinence à tout prix, mais bien pour toucher le plus grand nombre. Sorties cannoises de l’édition 2009 ou avant-premières se mêlent à une programmation piochée aux quatre coins du monde, où séances de rattrapage le disputent aux soirées spéciales en présence d’invités. Un parti pris qui ne rime pas forcément avec ennui. Car le festival s’offre à nous la besace pleine de beaux instants. A commencer par la présence de Denis Gheerbrant, pour son phénoménal La République Marseille, projeté ici dans sa totalité — conditions idéales pour s’en imprégner —, à usage de tous celles et ceux ayant échappé à sa récente diffusion à l’Alhambra. L’équipe du festival accueille d’autre part la structure Apatapela, organisatrice d’un évènement incontournable à venir, les Rencontres du Cinéma de l’Amérique Indienne, leur offrant, l’espace d’une soirée spéciale, l’occasion de nous présenter deux opus sur la culture amérindienne : A cielo abierto et Le peuple invisible. Le programme fait alors un détour par Cannes : une poignée de films découverts sur les écrans du prestigieux festival, et présentés ici en avant-première, à commencer par la Palme d’Or — mazette ! — du lumineux Michael Haneke, Le ruban blanc, plongée abyssale et dérangeante au cœur de la naissance même de l’exclusion, de la haine, enfin du nazisme. Autre perle (sélectionnée à Un certain regard) : Contes de l’âge d’or, film roumain choral, orchestré par le palmé Cristian Mungiu. Enfin Jaffa, regard féminin sur le conflit israélo-palestinien, sujet décidemment très présent dans les cinématographies internationales, à l’instar D’une seule voix, documentaire musical et humaniste, que viendra présenter son réalisateur Xavier de Lausanne. Le Festival de Gardanne enchaîne alors avec une programmation fournie, plus d’une soixantaine de films, où se côtoient bien évidemment trésors de cinéma et opus plus anecdotiques. Citons le fulgurant Delta, œuvre habitée et follement poétique du cinéaste Kornel Mundruczo, Country teacher, du tchèque Bohdan Slama — la programmation lorgne singulièrement, cette année, vers la moitié est de l’Europe — ou encore Memory of love du Chinois Wang Chao, passé maître dans la subtilité photographique et la finesse d’écriture. Rayon séances de rattrapage, les (grands) retardataires pourront profiter de cette rediffusion sur grand écran des récents Boy A, Let’s make money ou Mascarades, sans échapper toutefois à la sempiternelle séance bollywoodienne (la dernière, promis ?) et autres séances pour bambins. Pour la vingt-et-unième année consécutive, l’équipe du festival a le mérite de nous offrir, avec cette régularité métronomique, et sans nulle autre prétention, un voyage ludique et ouvert sur le monde au cœur de l’actualité cinématographique, sous toutes ses formes. Un plaisir difficile à bouder.
Emmanuel Vigne
21e Festival cinématographique d’Automne de Gardanne : du 23/10 au 3/11 au 3 Casino. Rens. 04 42 51 44 93 / www.cinema-gardanne.fr