What’s up doc ?

Dix-septième année que l’association Images en bibliothèque s’empare du mois de novembre pour promouvoir les films documentaires dans les salles de cinéma et les bibliothèques. Ça s’appelle le Mois du Documentaire, et c’est un peu partout en France.

Qu’est-ce qui définit un documentaire ? Si la réponse peut sembler évidente de prime abord, elle apparaît de moins en moins pertinente au fur et à mesure que l’on s’engage dans la réflexion. De façon communément admise, un documentaire est sensé montrer le réel. Pourtant, l’utilisation du montage, de la mise en scène ou même tout simplement du médium caméra focalisent le récit et, comme dans la fiction, fabriquent du réel. Le documentaire peut aussi se targuer de révéler des vérités, mais c’est un engagement qu’il partage avec la fiction, qui fonctionne souvent par parabole. Au final, cette distinction n’a peut-être de valeur que par l’engagement déontologique conjoint du cinéaste et du spectateur. Le cinéaste s’engage à utiliser les artifices de la représentation cinématographique dans le but de témoigner d’une réalité existante hors des temps de tournage, tandis que le spectateur, prévenu à l’avance qu’il a affaire à un documentaire, s’engage à croire à la réalité de ce qu’il voit sur l’écran en dehors du temps du film. Si dans une fiction, les personnages se figent dès la fin du film, ce que nous apprenons dans un documentaire a une existence propre avant et après le tournage ou la projection. D’après Philip K. Dick, « la réalité, c’est ce qui continue d’exister lorsque l’on cesse d’y croire. » Une définition qui sied parfaitement au documentaire. Digression pas forcément utile, mais qui permet d’introduire la dix-septième édition du mois du documentaire qui prend place tout au long du mois de novembre dans les salles de cinéma du pays. Initié par l’association Images en bibliothèque, le Mois du Documentaire a pour but de mettre en avant la qualité et la richesse de la production de cinéma du réel à travers un événement qui laisse à toutes les salles une liberté de programmation quasi totale. Chapeautant la manifestation, l’association en assure la communication et l’organisation, facilite l’accès aux copies des films ainsi qu’aux cinéastes qui font le tour des salles. Cette souplesse programmative offre ainsi chaque année un festival ouvert, éclectique et surprenant dont l’affiche dépend des goûts et des aspirations des programmateurs. Avec plus de 3 000 projections prévues en 2016 dans des salles bien sûr, mais aussi dans les médiathèques ou les universités, la manifestation ne cesse, chaque année, de prendre de l’ampleur. C’est dans ce cadre que l’Alcazar à Marseille et l’Institut de l’Image à Aix, ainsi que les cinéma d’Aubagne (le Pagnol), de Cucuron (le Cigalon) ou de La Ciotat (l’Eden-Théâtre) ont concocté une programmation aux petits oignons afin de proposer aux spectateurs de découvrir toute la diversité du cinéma documentaire récent.

Daniel Ouannou

Mois du Documentaire : jusqu’au 30/11 à Marseille, Aix et en PACA.
Rens. : www.moisdudoc.com

Le programme complet du Mois du Documentaire ici