300 – (USA – 1h55) un film de Zack Snyder, avec Gerard Butler, Lena Headey, Rodrigo Santoro…
Tiens, cette semaine, c’est portes ouvertes. Alors, enfonçons-les deux minutes, histoire de tuer le temps en attendant la mort : 300 est un film ultraréactionnaire, une sorte d’éloge un peu désuet de la testostérone, des corps huilés…
Le colosse s’érode
Tiens, cette semaine, c’est portes ouvertes. Alors, enfonçons-les deux minutes, histoire de tuer le temps en attendant la mort : 300 est un film ultraréactionnaire, une sorte d’éloge un peu désuet de la testostérone, des corps huilés, de la baston et de l’héroïsme eugénique. Bien, et après ? Comme disait ma mère citant Desproges (à moins que ce ne soit Henri Seard citant ma mère, je sais plus, bref) : ne sombrons pas dans l’anti-nazisme primaire. Car, si 300 est effectivement un film abrutissant, au propre comme au figuré, il creuse un sillon du cinéma contemporain auquel il convient de s’intéresser un peu plus. D’abord parce que le dispositif technique éprouvé dans Sin City (autre adaptation d’un graphic comic de Franck Miller) s’affine encore : ces corps dégagés de leur espace par un savant travail de palette graphique, les plans contrastés proches de la surexposition constituent indéniablement une des qualités du film de Zack Snyder. Et, au-delà de ces considérations, il ne faut pas oublier que 300 est un film de genre, à la fois gore et péplum new age, qui assume totalement son statut. S’il manque singulièrement de cette ironie systémique qui faisait le prix d’un Starship Troopers, il plonge totalement dans le grand guignol, les délices et parfois les outrances propres à ce genre d’exercice de style. D’où son efficacité narrative redoutable, son impressionnante capacité à saisir le spectateur quand il s’y attend le moins ; ainsi qu’une facilité assez déconcertante à patauger dans le ridicule. Finalement 300 n’est ni le navet annoncé, ni un chef-d’œuvre. Juste un film bourrin qui défoule autant qu’il désespère.
Romain Carlioz