Les Traversées présentées au Théatre du Merlan
Voyage au bout de la nuit
Le collectif Ici-Même est un drôle d’animal grenoblois à la frontière entre la représentation et l’expérience pure du spectateur. Installés au Merlan, ils nous ont proposé de passer 24 heures dehors ou presque avec eux, destination « Ici-même ». Carnet de route d’une marcheuse du soir.
19h, Théâtre du Merlan. Les tenues de soirées se substituent aux rangers et aux sacs à dos de voyageurs. Le théâtre devient le quai d’une colonie encore mystérieuse : ravitaillement, formation des groupes, distribution des kits de survie pour un voyage au bout de la nuit.
Sur le carnet distribué entre un bol de nouilles et un verre de rouge, des questions, de vagues dessins d’itinéraires tracés à la main, des photos comme autant d’indices d’une fabuleuse chasse au trésor. « Concert de sons en ville », « cinéma radioguidé », « agence de conversation » : Ici-Même, fondé en 1993, a choisi la ville comme terrain d’expérimentation.
20h, le départ. En avant, joyeuse troupe ! Très vite, les silhouettes de mes compagnons de route se dessinent : il y a les traceurs, les ralentisseurs, les exilés, les fusionnés, etc. Nous atteignons les sommets, des points de vue, des quartiers isolés. La ville prise comme décor, les marcheurs deviennent acteurs.
21h, apéro sur chantier. Voici que, presque naturellement, au bout d’un chantier, entre une grue et une résidence en construction, notre joyeuse bande d’inconnus débouche les bouteilles et fait tourner les cacahuètes ! Ça parle des bastides Ricard, de la L2, du vieux et du nouveau Marseille… Subtilement, le collectif Ici Même s’efface du jeu pour que la rencontre ait lieu entre les marcheurs, ainsi qu’avec la ville et ses habitants nocturnes.
A la tombée de la nuit, nous sortons des sentiers battus et tentons une expédition dans un parking fantôme.
S’installer, regarder autrement, se mettre à la limite, visiter des lieux interdits et se perdre sont autant de nouvelles expérience de la ville recherchées « Ici-Même ».
23h, séparation des marcheurs du soir et des marcheurs de nuit. Presque à défaut, nous nous séparons des camarades d’un chemin qui ne faisait que si joliment commencer. Accrochés à une unique lampe torche, nous traversons à dix la végétation sauvage d’une jungle de cimetière. Dernier apéro au milieu du quartier de la Busserine. A suivre…
Coline Trouvé
Les Traversées étaient présentées par le Théatre du Merlan du 4 au 12/06