L’Entre-deux Biennales & Les Élancées
Tout un cirque !
Le Cirque Plume tire sa révérence avec La Dernière Saison, l’occasion pour la BIAC (Biennale internationale des arts du cirque) de saluer son génie et de faire de cet ultime spectacle le moment phare de la troisième Entre-deux Biennales.
La relève est brillamment assurée, comme en attestent le programme bouillonnant des Élancées et le dispositif « Étape de travail » de la BIAC.
Cette année la programmation de l’Entre-deux Biennales et du festival Les Élancées a des airs de passage de flambeau.
Les deux festivals partenaires collectionnent une nouvelle fois les têtes d’affiches du moment — le Cirque Éloize (Hôtel), Les 7 doigts (Passagers), la compagnie XY et Rachid Ouramdane (Möbius) —, mais continuent de se distinguer dans leur mission d’accompagnement de nouveaux talents ou d’accueil de compagnies qui s’essaient à de nouvelles formes. En cela, la venue de Johann Le Guillerm à l’Usine marquera la vingt-deuxième édition des Elancées avec sa détonante proposition Encatation.
Là où le Cirque Plume révolutionnait le cirque il y a trente-cinq ans par son désir d’impacter la discipline d’une théâtralité au service de l’émotion, Le Guillerm le confronte frontalement à d’autres approches tout aussi artistiques, en l’occurrence la gastronomie. Avec Alexandre Gauthier, chef réputé pour sa créativité, deux étoiles au Michelin, il offre au public un menu hors du commun. Une autre façon de prouver que la recherche et la transcendance des codes établis a de tout temps animé le cirque, lui permettant ainsi d’obtenir la place de choix qu’il occupe actuellement sur la scène artistique mondiale.
S’il est une compagnie qui y a contribué, c’est bien le Cirque Plume. Précurseur du nouveau cirque avant qu’il ne devienne contemporain, il a, dès les années 80, sorti le cirque de la rue pour pousser les portes des théâtres. En imposant un dispositif frontal tout en se rapprochant des différents arts de la scène, Plume a imposé un style dans lequel poésie et prouesses forment un même langage circassien. Entrainant dans leur sillage des compagnies comme Royal de Luxe ou Archaos (à la tête de la BIAC), ils ont compté dans leurs rangs des artistes désormais confirmés voire incontournables comme Jörg Müller, Fanny Soriano ou Bonaventure Gacon, l’inoubliable ange volant de Mélanges (opéra plume). François Cervantes s’y est aussi occupé de la direction d’acteurs pour Toiles. Plume a vu passer des générations de spectateurs et y jouer était une référence. Retrouver leur férie, leur mélange d’acrobaties millimétrées et de gaucherie improvisée, d’ombres et de lumière, de fantaisie engagée, était une fête perpétuelle. Avec Marseille, les rendez-vous ont toujours été passionnés, du Théâtre Massalia à la Criée ou au J4. Et en ces temps de campagne électorale marseillaise mouvementée, comment ne pas sourire à l’évocation d’un de leurs succès ici, L’Harmonie est-elle municipale ? Avec eux, on s’envolait, que ce soit à vélo ou à dos de contrebasse. La Dernière Saison nous emmène au plus près de la nature, comme un retour aux sources pour une fin. Un cycle de vie humaine et artistique. « Du vivant pour les vivants » est la devise de Bernard Kudlak et de Plume, à laquelle ils ne faillent jamais en se penchant avec délicatesse, humour et lyrisme sur le vivant qui reste encore en nous et sur notre planète, une sorte d’état des lieux avant disparition. Mention spéciale au quatuor de circassiennes Natalie Good, Anaëlle Molinario, Amanda Righetti et Analia Serenelli, qui réduisent les difficiles techniques du mât chinois, du double fil et de la contorsion à un joyeux jeu d’enfant.
Dans la même lignée, le Théâtre du Centaure inaugure un nouveau rituel, une invitation à célébrer le cycle des saisons avec la Cérémonie du verger d’utopies. Question transmission, le spectacle L’Enquête du Lonely Circus met en exergue l’univers personnel et artistique du clown Punch (Pierre Bonvallet), qui fit les beaux jours du Cirque Medrano dans les années 50. L’artiste Sébastien Le Guen le fait revivre en mettant en parallèle son propre parcours. Relève toujours avec le dispositif « Étapes de travail » qui met en évidence le travail réalisé tout au long de l’année par la BIAC dans l’accompagnement des compagnies régionales. Pour cette édition, deux d’entre elles seront reçues en résidence et présenteront leur travail en cours d’élaboration : le collectif Merkén avec Je tirerais pour toi et la compagnie franco-brésilienne Sôlta avec Mute (mât chinois, corde, cerceau aérien, roue électrique et jonglerie).
Aux Élancées, festival des arts du geste, il sera également question de Plume avec la compagnie nantaise Kokeshi (Capucine Lucas) pour une plongée dans un univers de légèreté et de quête sensorielle. La Rose des vents avec le groupe musical régional Aksak sert à son tour la transmission via une expérience menée par le chorégraphe Aïcha Aouad auprès de sept apprentis d’une école de cirque marocaine.
N’oublions pas Entre chien et loup de la compagnie 3 X Rien à Port-Saint-Louis-du-Rhône, une rivalité entre deux frangins, et, à Istres, Born to be circus de la flamboyante famille franco-italienne du Circo Zoé. Clôturons ce programme « poids lourd » avec les indémodables Acrostiches (Excentriques, au Théâtre La Colonne) et Et Juliette de Marion Lévy et la compagnie Didascalie que l’on ne présente plus.
Ainsi, ce ne sera pas que sur la scène du Silo que les générations, les styles, la musique et les formes artistiques se mélangeront, il en sera de même sur tout le territoire durant un mois, pour le plaisir de tous.
Marie Anezin
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L’Entre-deux Biennales : jusqu’au 16/02 à Marseille et en Provence.
Rens. : 04 91 55 62 41 / www.biennale-cirque.com -
Les Élancées : du 5 au 16/02 dans les salles de Scènes & Cinés Ouest Provence.
Rens. : 04 42 56 31 88 / www.scenesetcines.fr
Le programme complet de l’Entre-deux Biennales ici
Le programme complet des Élancées ici