Les Instants Vidéo numériques et poétiques 2010
Le plein des sens
Les Instants Vidéo numériques et poétiques nous invitent à aiguiser notre sensibilité et notre esprit critique. Car partir à la rencontre des poètes du verbe, du son et de l’image mis à l’honneur pour cette vingt-troisième édition, c’est éprouver notre capacité à accueillir, selon eux, avec eux, bref, ensemble, d’inédites manières de voir et de penser le monde.
La pratique de la vidéo n’est pas considérée ici comme la pratique d’un médium spécifique qui fonde un art singulier et autonome. La force des Instants Vidéo est justement liée à la volonté de montrer et d’expérimenter la vidéo comme une pratique artistique multiforme, en lui préférant le nom de « poésie électronique » et en mettant en avant la diversité de ses productions comme autant de formes d’institutions du sens ou de sa déconstruction (contre un sens établi et reconnu). Au programme : une vingtaine d’installations vidéo, des cycles de projections, des performances, des concerts, mais aussi des rencontres avec les artistes et les organisateurs autour (ou pas) d’un apéro ou d’un petit-déjeuner… Car ce festival, c’est aussi une aventure humaine qui nous permet d’appréhender la création dans un contexte vivant et chaleureux, à l’opposé d’une conception muséale, froide et élitiste de l’art, et qui noue chaque année un peu plus des liens avec les structures associatives marseillaises. En effet, pendant que d’anciens complices ouvrent pour la première fois leur lieu (non consacré à l’art) à une programmation vidéo (ADPEI) et que de nouveaux partenaires participent à l’événement (l’Artothèque du Lycée Antonin Artaud), un nouveau lieu artistique, Les Grands Terrains, accueille notamment une exposition de Mélanie Terrier.
Si le partage des espaces et des temps (avec une dizaine de lieux participants) confère aux Instants Vidéo une dynamique singulière, son moment fort — les Rencontres poétroniques internationales — se concentre quant à lui à la Friche. Une invitation à découvrir la création vidéo asiatique, ukrainienne ou syrienne, à tisser des liens entre passé et présent, à interroger notre rapport à l’espace, aux territoires et au monde, mais aussi à éprouver les rapports ténus entre son et sens, écoute et perception ou encore à pénétrer dans l’intimité des corps et de la nudité. Autant de convocations à s’éloigner du convenu, du connu et du reconnu, ou encore des classifications étanches et sclérosantes, au profit de nouvelles associations des sens et du sens.
Texte : Elodie Guida
Photo : La métacorpose de Mademoiselle B. de Mélanie Terrier
Jusqu’au 19/12 à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône. Rencontres poétroniques internationales : du 10 au 14/11 à la Friche la Belle de Mai (41 rue Jobin, 3e).
Rens. 04 95 04 96 24 / www.instantsvideo.com
(Focus)
Giney Ayme – (1))
Le partage des espaces et des temps qui rythme le festival des Instants vidéo, ce n’est pas seulement une constellation de créations à découvrir dans différents lieux et à différents moments, c’est aussi la mise en œuvre d’une « exp(l)osition » : un même artiste, Giney Ayme, déploie sa pratique prolifique en six espaces-temps. Une sorte de variation autour d’un même thème, qui prend plusieurs formes : exposition en galerie à la Traverse, en vitrine à l’Espace Culture, performances en divers lieux et intervention musicale sur l’antenne de Grenouille. Point de départ de ce projet : la découverte d’une liasse d’anciens plans d’urbanisme de la ville de Marseille. Son leitmotiv : lier et délier l’image visuelle et sonore de la ville en se réappropriant un texte d’Albert Camus (Elle savait seulement qu’elle vivait sur de la terre près de la mer…). Sa force : la mise en œuvre de multiples pulsations visuelles et sonores qui modifient notre rapport à l’espace.
EG
Exposition jusqu’au 20/11 à la Traverse (8 rue du Chevalier Roze, 2e) et en vitrine de l’Espace Culture (42 La Canebière, 1er).
Et aussi :
Cette Goutte, performance avec Fred Griot : le 11 à 21h à la Fosse (63 rue Jean Christofol, 3e)
Manu tensions. Ecritures en extension, performance avec Philippe Boisnard : le 13 à 20h15 à la Cartonnerie (Friche la Belle de Mai).
A la même heure, intervention musicale : le 12 à 16h sur l’antenne de Radio Grenouille (88.8)
- ( Sur Vol[↩]