Castor et Pollux était présenté au Théâtre du Gymnase
Objets Dansants Non Identifiés
L’Argentine Cécilia Bengolea et le Rennais François Chaignaud forment un duo (d)éton(n)ant, emblématique d’une nouvelle génération de danseurs. Avec Castor et Pollux, ce n’est plus simplement le corps mais le spectacle qui devient astral.
Demi-frères et inséparables dans la mythologie grecque, Castor et Pollux témoignent d’une indéfectible fraternité en dépit d’origines divine pour le premier et mortelle pour le second. Ils iront même jusqu’à faire des allers-retours entre Enfers et Olympe pour continuer à se voir avant d’être transformés en étoiles — d’où la constellation des Gémeaux. Le spectacle que nous proposent Cécilia Bengolea et François Chaignaud a effectivement tout d’aérien et pas grand-chose de terre-à-terre. Les corps des danseurs sont suspendus à dix mètres du sol pendant toute la durée de leur performance, qui se rapproche plus de l’installation que du spectacle scénarisé. Allongé au sol, le spectateur n’assiste plus frontalement, mais verticalement, aux évènements. A l’aide de poulies et de câbles, des marionnettistes complices facilitent les mouvements de ces danseurs, tour à tour enchevêtrés en bloc de chair et de couleurs, en référence à la naissance des jumeaux, avant de rechercher le contact par des balancements d’une rapidité vertigineuse. Le conditionnement extrême du corps se devine aisément. Sans lui, cette expérimentation, des déplacements et des impressions de faiblesse ou de force du corps humain dans un cube scénique de vide, ne semblerait pas autant illimitée. Seule une musique sourde et inquiétante et quelques grognements et sifflements épars émanant des danseurs viennent perturber un spectateur médusé — et perplexe, comme en témoignent des applaudissements qui tardent à venir. Ce n’est pas une histoire que l’on nous raconte ici, mais la démonstration que la danse contemporaine n’a pas fini de nous étonner.
Texte : Guillaume Arias
Photo : Donatien Veismann
Castor et Pollux était présenté au Théâtre du Gymnase du 28 au 30/09 (programmation : Théâtre du Merlan)