La danse, sur un plateau
En moins de cinq ans, le rendez-vous est devenu un incontournable pour tous les amateurs de danse. Instructif, populaire et de haut niveau, le programme Question de Danse a décidément tout pour plaire.
Pour la troisième année consécutive, la manifestation initiée par Michel Kelemenis s’unit à ses partenaires marseillais (l’Officina et le Théâtre des Bernardines) pour lever le rideau sur la nouvelle édition du festival Dansem, « entre les nouvelles étendues de KLAP et l’intimité de la chapelle des Bernardines », selon son principal porteur de projet.
Sur un temps fort de dix jours, à raison de deux à trois rendez-vous par soir, ce ne sont pas moins de douze chorégraphes qui viennent mettre à l’épreuve du public leurs toutes dernières créations. Sur le plateau, le public est ainsi convié à voir la danse, puis à s’exprimer, selon un habile jeu de questions/réponses mis en place par le chorégraphe. Ainsi, après chaque proposition, Michel Kelemenis, figure désormais tutélaire de la danse à Marseille avec l’ouverture cet automne de KLAP Maison pour la danse (cf. Ventilo # 287), s’empare du micro, monte sur le plateau — en chaussettes de travail et belle chemise s’il vous plaît — pour prolonger de sa voix feutrée et de son sourire accueillant la rencontre du public avec les artistes.
Populaire, autant par l’accessibilité des tarifs que par l’humanité de la traditionnelle rencontre qui ponctue la présentation de chaque projet, le rendez-vous offre ainsi au public marseillais un tour d’horizon de créations fraîches.
Dans un contexte géopolitique méditerranéen et global, « encore bordé par des interdits et des censures portés à ce qu’exprime, sans mots, le corps dansant », les douze chorégraphes, jeunes mais déjà reconnus, viennent de France, du Portugal, du Liban ou encore d’Afrique du Sud pour donner, chacun à leur façon, une vision dansante d’un monde en mutation. Qu’ils l’abordent par l’exotisme, l’exploration (Davy Brun), le voyage dans le temps (Christophe Garcia) ou la musique (Abou Lagraa, Shlomi Tuizer & Edmond Russo), ils partent à la rencontre de l’ailleurs, pour mieux ressentir ce qu’ils sont : souvent entre deux mondes… L’engagement militant reprend ainsi une place prépondérante dans les préoccupations des chorégraphes, comme en témoignent Danya Hammoud, Mathieu Hocquemiller et Fana Tsahabala, artistes bel et bien connectés à notre monde, quittant la sphère de ceux qui seraient « au-dessus ».
Par l’art du mouvement et l’ancrage dans le résolument sensible, la manifestation suscitera sans doute encore nos questionnements, sans jamais tarir la source du bonheur de (voir) danser.
Texte : PM
Photo : Nathalie Sternalski
Jusqu’au 5/11 à KLAP, Maison pour la danse (5 avenue Rostand, 3e) et au Théâtre des Bernardines (17 boulevard Garibaldi, 1er).
Rens. www.dansem.org
www.kelemenis.fr