Holden > le 23 à l’Espace Julien
Hocus Pocus > le 23 au Poste à Galène
Anthony Joseph & Spasm Band > le 23 au Cabaret Aléatoire
Sharon Jones & The Dap Kings > le 24 au Cabaret Aléatoire
Anis > le 27 à l’Espace Julien
Holden > le 23 à l’Espace Julien
Lorsqu’on évoque la pop française, beaucoup ne peuvent s’empêcher de prononcer, les yeux humides d’une nostalgie non contenue, le fameux « c’était mieux avant », nous rappelant les glorieuses années Dutronc, Gainsbourg et autres Polnareff, précisant au passage que sur le trône de Françoise Hardy, personne n’avait encore osé posé son séant, même délicatement. Avec Holden, on se dit que tout reste possible, que si le meilleur est peut-être passé, il existe encore de très bonnes choses dans ce registre, et que la lignée des chanteuses pop aussi jolies que fragiles n’est pas prête de s’éteindre. Difficile de décrocher de la sublime voix d’Armelle Pioline une fois qu’on y a goûté – et pour enjoliver un tableau déjà accroché à l’excellence, les textes et la musique sont au diapason. Pour une fois qu’un concert peut réunir les esthètes amateurs de Parties fines et les junkies vinyliques d’un autre âge…
Chevrotine (Le Village Vert/Wagram) http://armelle.mocke.club.fr
Hocus Pocus > le 23 au Poste à Galène
Pour la seconde fois en deux semaines, nous nous penchons sur un groupe de hip-hop français. Mais si Hocus Pocus est loin de rivaliser avec Oxmo Puccino et les Jazzbastards, qui s’avèrent être tout simplement le pendant français des Roots, ces Nantais possèdent la même recette de base (batterie, basse, guitare, clavier) pour produire une musique qui se détache facilement de celle des tacherons du micro qui plaisent tant aux amateurs boutonneux. Ils n’ont pourtant aucune attitude, aucune posture – ni politique, ni racailleuse – et encore moins le look branché « street credibility », mais font preuve d’une belle inventivité, et couvrent un spectre musical suffisamment large pour ne pas nous lasser au bout du deuxième morceau. Sans basculer dans la caricature du rap politiquement correct, les paroles évitent les clichés du genre sans toutefois atteindre des sommets de poésie.
73 touches (On and on) www.hocuspocus.fr
Anthony Joseph & Spasm Band > le 23 au Cabaret Aléatoire
Le public phocéen est parfois insondable : alors qu’il s’enthousiasme du retour de Sharon Jones à Marseille, il en oublie presque de s’intéresser à Anthony Joseph, poète issue de la scène spoken word anglaise. Accompagné du Spasm Band, il perpétue une tradition musicale qui repose essentiellement sur les paroles et la voix. L’instrumentation est minimale mais classieuse, elle semble issue d’un improbable croisement entre les polyrythmies africaines et le jazz le plus planant, créant une sorte de transe musicale où les digressions vocales d’Anthony Joseph sont notre seul guide. On pense bien évidemment aux Last Poets, à Gil Scott Heron mais aussi au jazz cosmique de Coltrane ou aux libres envolées de Blasé d’Archie Shepp. Avec une telle ascendance, inutile de vous préciser que sa première date à Marseille risque de marquer les esprits.
Leggo de Lion (à sortir en avril) www.anthonyjoseph.co.uk
Sharon Jones & The Dap Kings > le 24 au Cabaret Aléatoire
Sharon Jones et les Dap-Kings possèdent une réelle énergie et une vraie envie de la partager avec le public. Sa précédente venue à Marseille avait séduit, même si on percevait à travers cette musique une sorte de revival soul/funk un brin nostalgique, façon revue Stax de la fin des années 60, qui nous réchauffait sans vraiment nous convaincre. Le concert de samedi sera réussi, nous n’en doutons pas, d’autant plus que le show proposé est entièrement nouveau. Mais présenter Sharon Jones comme la soul sister #1 est un peu trompeur car cela participe de cette entreprise inconsciente qui tend à sublimer le passé ; et à force de regarder dans le rétroviseur, la black music en oublie parfois de regarder devant, faisant de la soul, comme de certaines langues, une musique morte (ou presque). Ne boudons tout de même pas notre plaisir à assister à ce show, mais apprenons aussi à nous méfier des étiquettes…
Naturally (Ter à Terre/Discograph) http://ter.a.terre.free.fr/site/sharon.htm
Anis > le 27 à l’Espace Julien
Anis, c’est un peu La valise en carton version chanson française : né d’un père marocain et d’une mère russe, il grandit à Pontoise, arrête l’école à dix-sept ans, fait des petits boulots (serveur, plongeur…) avant de chanter dans le métro. Ensuite, tout s’accélère : des démos, des concerts, un premier album remarqué et une nomination aux Victoires de la Musique 2007, catégorie « révélation scène ». Bien plus proche de la tradition réaliste française que des incontournables canons de la black music, ses chansons, quelle que soit la forme qu’elles revêtent – reggae, rap, jazz, folk –, gardent toujours en ligne de mire le swing, et font la part belle aux mots. De la sincérité, de l’humour et un doux désespoir s’échappent de cette musique et font d’Anis un fier représentant de nos chansonniers d’antan, les couloirs du métro et les murs des cités ayant désormais remplacé les cafés-concerts.
La chance (Virgin) www.anis-music.com
nas/im