Christian Brazier + Perrine Mansuy Trio > le 24 au Cri du Port Indiran > le 25 à l’Auditorium de la Cité de la Musique Karkan & Fonfamental Kartet > le 25 au Balthazar Ridan le 26 au moulin Fred Wesley > le 25 à l’Espace Julien
Christian Brazier + Perrine Mansuy Trio > le 24 au Cri du Port
On n’en parle certainement pas assez dans ces pages, mais la scène jazz locale recèle bien des merveilles. Alors que l’on défend souvent le dernier producteur à la mode ou la moindre chanteuse capable de pondre trois couplets en gardant le sourire, on ne jette qu’une oreille distraite aux musiques improvisées, et un regard trop lointain à ses auteurs. Réparons cette injustice en vous incitant à aller faire un tour jeudi soir du côté du Cri du Port, pour découvrir la richesse des intonations organiques de la contrebasse de Christian Brazier, dont le dernier album – suite de solos entrecoupés de miniatures pour cuivres – est une véritable petite merveille. Toute aussi raffinée, la musique de la pianiste Perrine Mansuy et de son nouveau trio devrait ravir les amateurs de belles mélodies, et autres esthètes de cette douce féminité musicale qui nous a tant plu chez Carla Bley ou Joni Mitchell.
Christian Brazier – Sazanami (CELP) www.myspace.com/perrinemansuy
Indiran > le 25 à l’Auditorium de la Cité de la Musique
Autant vous l’avouer, lorsque le programme du festival des Nuits de l’Inde, organisé par l’Exodus, est arrivé sur notre bureau, le nom d’Indiran ne me disait absolument rien. Toutefois, en m’y penchant d’un peu plus près, je lus le nom de Bijan Chemirani dans le petit descriptif du concert. Là, en revanche, ces deux mots évoquaient pour moi les enivrantes rythmiques des percussions iraniennes du trio familial réuni autour de Djamchid Chemirani, le père de Bijan. Indiran est en fait le nouveau projet de ce jeune joueur de zarb installé à Marseille qui s’est associé pour l’occasion à deux musiciens bengalais vivant en France, Sudeshna et Nabankur Bhattacharya (encore une histoire de famille !). Le concert de vendredi sera la première représentation scénique des créations de ce nouveau trio, qui devraient osciller entre musique indienne et tradition perse.
nuitsdelinde.online.fr
Karkan & Fonfamental Kartet > le 25 au Balthazar
Deux platines et un micro, cela suffisait initialement aux apprentis rappers pour faire de la musique. Puis vint l’ère électronique et la toute puissance des boîtes à rythmes et autres samplers : le hip-hop avait trouvé là ses propres instruments. Les limites du copier/coller atteintes, on a assisté, et ce dans toutes les musiques binaires, à un retour vers les instruments traditionnels et leur incomparable beauté organique. C’est dans ce même esprit que Karkan, l’un des groupes marseillais les plus inventifs, nous propose ce concert de rap acoustique où le Fondamental Kartet donnera une assise instrumentale au groupe, qui réussit à éviter les clichés du genre sans toutefois atteindre des sommets de poésie. Ce sera aussi un joli retour au sources pour ce collectif qui se revendique souvent de la Native Tongue et qui pourra ici donner à sa musique les intonations jazz, soul ou funk qu’elle recèle habituellement.
www.myspace.com/karkan
Ridan > le 26 au moulin
Si Ridan n’est pas exactement « le nouveau Brassens », comme l’affirme ma mère dont l’enthousiasme a rarement était aussi vivace, il n’est pas non plus un de ces chanteurs anodins que la scène française déverse régulièrement par demi-douzaines. Les textes – son point fort – possèdent une simplicité apparente qui cache parfois une écriture plus subtile qu’elle ne paraît, et ils ne sont jamais mieux servis que par une instrumentation minimale dont la guitare rythmique évoque parfois, je le concède, le grand Georges. Dommage que son second album soit un peu trop « dans l’air du temps » en abordant des thèmes comme l’intégration ou l’écologie ; là où Magyd Cherfi (ex-Zebda) pose son regard lucide sur ces mêmes et tristes réalités, Ridan n’a que sa sincérité à nous offrir – ce qui au fond n’est déjà pas si mal. Je ne savais pas quoi offrir pour la fête des mères : ce concert sera le cadeau idéal !
L’ange de mon démon (Sony/BMG) www.ridan.com
Fred Wesley > le 25 à l’Espace Julien
Pour les amoureux du funk, approcher James Brown, c’est un peu comme approcher Dieu. Fred Wesley ne s’est pas seulement contenté d’être un musicien hors-pair, il a été le directeur musical des JB’s et a composé quelques hymnes intemporels scandés par le plus incandescent des showmen. Il a donc, un peu plus que les autres, partagé cette grâce divine qui faisait d’une syncope sensuelle la plus belle et la plus efficace machine à danser. Comme si cette expérience ne suffisait pas, il a ensuite rejoint George Clinton, l’autre génie du groove qui faisait lui dans le psychédélisme, distillant au passage quelques galettes en son nom propre qui demeurent aujourd’hui encore incontournables. Même si on doute que le tromboniste possède toujours, quarante après, la même énergie fédératrice, on se précipitera tous à l’Espace Julien pour honorer un des architectes de notre propre histoire.
www.fredwesley.com
nas/im