Hocus Pocus + Ohmega Watts + La Goutte… > le 31 au Cabaret
Veille de jour férié oblige, les propositions s’accumulent ce soir (voir agenda). Celle-ci est un vrai coup de cœur, car elle présente un plateau hip-hop d’une remarquable qualité, mis sur pied conjointement par le Cabaret avec Piedenez Prod (l’asso de Selecter the Punisher). On ne saurait d’ailleurs dire, d’Ohmega Watts et Hocus Pocus, qui en constitue la tête d’affiche, tant leur talent n’a d’égal que l’anonymat relatif dans lequel ils évoluent (du moins pour le grand public). Ohmega Watts est un producteur et Mc américain qui a défrayé la chronique à la sortie de son premier album, il y a deux ans, en se posant comme un digne héritier de l’école Native Tongue – en plus actuel, façon RJD2. Ses racines soul, funk et jazz sont partagées par les Nantais de Hocus Pocus, très bon groupe avec musiciens qui détonne dans le paysage hip-hop français par sa musicalité, son esprit festif. Comme quoi, on peut être blancs et assurer.
Place 54 (Motown France) www.hocuspocus.fr
Seun Kuti & Egypt 80 + Wax Tailor + Natie Bumcello… > le 31 au Dock des Suds
C’est la clôture à la Fiesta. Une clôture en forme de feu d’artifices aux couleurs éclatantes, comme pour mieux souligner la variété d’une édition qui aura scintillé par ses choix artistiques. Au menu : l’afro-beat de Seun Kuti, « l’autre » fils de Fela qui a ceci en plus de son frère (Femi) de pouvoir jouer avec l’orchestre du Père, l’abstract hip-hop de Wax Tailor, révélation française du genre qui joue sur scène avec un groupe, les chansons napolitaines de Peppe Barra, invité avec l’Institut Culturel Italien, et un plateau réunionnais monté avec le Sakifo Festival (Saint-Leu). Ce dernier se concentrera logiquement sur le sega et le maloya, courants musicaux majeurs dans l’Océan indien, à l’honneur avec deux de ses plus fameux emblèmes (Baster et Ziskakan) mais aussi deux créations franco-réunionnaises : Ticaba Kreol (Jaboticaba vs Kreol Konexyon) et Natie Bumcello (Nathalie Natiembé vs Bumcello)…
www.dock-des-suds.org
Sayem > le 2 au Balthazar
On parlait à l’instant de Wax Tailor, voici justement une découverte du même tonneau : Sayem, nouvelle révélation abstract hip-hop frenchie qui revendique, on s’en serait douté, les influences conjuguées de Dj Shadow et Massive Attack. Pour ce Toulousain arrivé à Paris l’an dernier seulement, les choses se sont passées très vite : une réalisatrice remarque l’une de ses démos, et le voici qui signe la bande-son d’une pub pour un opérateur téléphonique, avant d’enchaîner avec celle du spot officiel de la Coupe du Monde de rugby… Il y a toujours dans ce type de trajectoire une grosse part de bol, certes, mais le garçon a pour lui une solide connaissance des codes inhérents au genre, ce qui lui a permis de passer ensuite à l’étape du remix (Cassius, Miss Kittin) et de l’album. Celui-ci est globalement réussi, et sa transcription live avec guitares, synthés, basse et Mc (Grain de Caf’/Octobre Rouge) augure du meilleur.
Phonogénique (Pour ouvrir une parenthèse/Differ-Ant) www.djsayem.com
Los Chicros > les 2 et 3 à l’Intermédiaire
Joli doublé à l’Inter’ vendredi et samedi soir avec la venue des Parisiens de Los Chicros, qui comptent parmi les meilleurs formations pop de l’hexagone. Plutôt acoustiques à leurs débuts, ceux-ci ont en surpris plus d’un avec la sortie, en début d’année, de leur premier album, très électrique : un disque réussi et varié, où l’on devine en filigrane les influences (revendiquées) de formations majeures des 60’s, 70’s et… 90’s, tant leur goût pour le shoegazing et la power-pop s’y affirme. Capables de passer de chansons finement ouvragées à quelques hits discoïdes (Diskonoize, Like the sun), Los Chicros, nommés en référence au matériel cheap qu’il leur arrive d’utiliser (« les radins »), font désormais partie des rares groupes qui, de Phoenix à Syd Matters en passant par Nelson, redéfinissent les contours d’une pop française ambitieuse et donc capable de percer à l’international. Allez les voir, d’autant plus que c’est en entrée libre.
Sour sick soul (Mélodie/Abeille Musique) www.myspace.com/loschicros
Spoke Orkestra + Mister Aul > le 3 à l’Affranchi
On termine avec la claque de la semaine. Pas Mister Aul, non, encore qu’il reste l’un des turntablists français les plus en vue, vice-champion du monde DMC de 2003 à 2005, passé depuis à la compo sur deux albums qui malaxent toutes ses influences, façon Kid Koala… Non : la claque, c’est un collectif parisien de slammers dont on se demande encore, à l’écoute de leur nouvel album, comment ils ont pu partager la scène et une compile avec Grand Corps Malade (les soirées Bouchazoreill’ du Trabendo). Car depuis Programme, on n’avait pas entendu telle déflagration du verbe et du son, telle radicale prise de parole dans le paysage musical français. Donner du poids, enfin, à cette langue riche : tel est le credo de D’ de Kabal (rapper multicartes/voix d’outre tombe), Félix J (co-fondateur des éditions Spoke/haut débit déconnecté) et Nada (narrateur à la précision diabolique revenu de l’héro). Sombre et intense.
Spoke Orkestra n’existe pas (Basaata Productions/Musicast) www.spokevousparle.com
PLX