5 concerts à la Une n° 208
Pura Fe’ > le 29 au Cri du Port
C’est une grande dame que le Cri du Port invite cette semaine, dérogeant quelque peu à sa programmation (plutôt jazz) mais s’inscrivant pleinement dans la première édition de son nouveau rendez-vous thématique – Feuilles d’automne, qui s’intéresse ici à la guitare. Pura Fe’, Amérindienne de son état, chante et joue le blues avec ce que son patronyme indique (la « foi pure »), à tel point qu’Eric Bibb, qui était de passage l’an dernier au même endroit, lui a lui-même conseillé de venir à Marseille. Repérée par la fondation Music Maker, connue pour sauver de l’oubli quelques vieilles gloires oubliées du Delta, la dame a ensuite été rattrapée par le label Dixiefrog, qui lui a permis de rencontrer le guitariste Danny Godinez (à ses côtés sur scène comme en studio) et surtout l’amour de sa vie… Elle possède une voix déchirante, joue de son intrument au bottleneck sur les genoux, exsude la spiritualité. C’est très… pur.
Hold the rain (Dixiefrog/Harmonia Mundi) www.purafe.com
Osaka Monaurail > le 30 au Hush Hush
Les Japonais ont toujours été fascinés par l’Occident. Dans bien des domaines, ils ont souvent cherché à reproduire l’objet de leur culte, et à force de travail, parfois, à le dépasser. Cet état de fait est d’autant plus troublant pour ce qui relève de la culture pop, depuis son avènement dans les années 60. Pour Osaka Monaurail, le mètre étalon, c’est James Brown. Le funkateer ultime, celui qui définit les bases du « rare groove » avec ses JB’s à la fin de cette décennie. Enorme au Japon, où il poursuit sa quête depuis quinze ans, Osaka Monaurail reproduit avec une sidérante maestria les canons édictés par le Godfather of soul, jusque dans ses moindres détails : matériel et costumes vintage, tournée avec Marva Whitney, et ce chanteur, Nakata Ryo, qui se prend pour le parrain en personne (voix, gestuelle)… C’est Dj C qui organise, de surcroît dans un petit club, là où ce genre de groupe peut donner tout ce qu’il a sous le coude.
Reality for the people (Unique/La Baleine) www.osakamonaurail.com
Puppetmastaz > les 30 et 1er au Cabaret Aléatoire
On avait des doutes, mais elles ont réussi leur coup. Après avoir infiltré les ondes de Radio Grenouille, puis séquestré Philippe Foulquié (directeur de la Friche) vendredi dernier lors de leur putsch, les Puppetmastaz nous ont contraint, pour la première fois dans l’histoire du journal, de faire la « une » (systématiquement dédiée aux graphistes et photographes). Vu qu’on n’est pas du genre à se laisser faire, nous avons quand même pu éviter de mettre leurs affreuses trombines en couverture, juste avant impression… Nous craignons des représailles. Notre chance : les avoir vues en concert il y a quelques mois, au Théâtre du Jeu de Paume. Elles savent qu’on les kiffe. Car sur scène, les Puppetmastaz assurent un show à nul autre pareil (celui-ci sera exclusif), invitent Yoda de Star Wars, se mettent le public dans la poche, et surtout, elles ont un flow qui déchire. Croyez-le ou non, 50 Cent, à côté, c’est un pantin.
Clones live in Berlin (Vicious Circle/Discograph) www.puppetmastaz.com
Magyd Cherfi > le 1er à l’Affranchi
En 1998, pour tomber la chemise, fallait vraiment être motivé. C’était l’époque de la Coupe du Monde, et le même hymne revenait systématiquement en boîte : imaginez un peu le tableau, ces corps trempés qui vous frôlent après s’être enfilé dix pintes, sous la lumière des strobos, le bruit et l’odeur… l’envie d’un ventilateur. Un petit pas de danse ? Je crois que ça va pas être possible. Depuis, Zebda, qui n’a jamais vraiment renoué avec ce succès, a eu la bonne idée de se séparer. Une bonne idée, car les collègues ont grandi : Mouss et Hakim ont récemment présenté Origines Contrôlées, un projet qui exhume quarante ans de chansons enregistrées par la communauté algérienne en France, et Magyd Cherfi a livré deux albums qui témoignent de sa volonté de dire les choses « mieux », mais aussi deux livres, dont le dernier est édité chez Acte Sud. Magyd est aujourd’hui une plume, à considérer comme tel.
Pas en vivant avec son chien (Barclay) www.magydcherfi.com
Volcano the Bear > le 4 au MAC
L’ovni du mois. Un truc totalement improbable, avant-gardiste, mystérieux. Ils sont présentés comme un quatuor, mais apparaissent à trois sur les photos de presse. Ils utilisent tout ce qui leur tombe sous la main, des instruments divers, des objets, de l’électronique. Ils composent et ils improvisent, façonnent de longues pièces tour à tour planantes ou bruitistes, et d’autres plus courtes. Ils piochent dans la musique concrète ou le folklore traditionnel, déconstruisent pour mieux bâtir, ils font dans tous les cas ce qu’ils veulent, absolument tout ce qu’ils veulent. Les Anglais de Volcano the Bear (quel nom !) pourront toujours évoquer quelques souvenirs (la deuxième partie du double Tago Mago de Can), on se gardera bien de faire les malins à leur sujet. On ne sait pas, on ne sait plus, on est perdus. C’est au MAC et avec le GRIM, c’est sans doute de l’Art, et peut-être du cochon, mais seuls ceux qui s’y rendront sauront.
Amidst the noise and twigs (Beta-Lactam Ring Records) www.brainwashed.com/vtb
PLX