5 concerts à la Une n° 210
Stereo Total + Hifiklub > le 14 au Cabaret Aléatoire
On commence direct avec le concert de la semaine, comme ça au moins, vous êtes fixés. Peu connus en France, les Stereo Total auraient pourtant mérité ici un succès à la hauteur de leur fantaisie : ce couple (à la scène comme à la ville) installé à Berlin est mené par une Française qui chante tour à tour, dans ses langues d’origine et d’adoption, de petites comptines rigolotes autour de ses thèmes de prédilection (le sexe, la rébellion, la nostalgie). C’est rétro-futuriste à souhait, très synthétique sur disque et plutôt rock sur scène (où ils utilisent guitare et batterie), ils font ça depuis plus de dix ans et ont tourné tout autour du globe. Comme les filles de l’asso In The Garage, qui organisent, font généralement les choses bien, elles ont placé en ouverture les Toulonnais de Hifiklub. Le premier album de ce trio était déjà une révélation (voir Ventilo #199), leur récente prestation à Marsatac en fut une autre. Date de la semaine, bon sang !
Paris Berlin (Disko B/Nocturne) www.stereototal.de
Projet Lafaille > le 14 à l’Intermédiaire
S’ils ne sont certainement pas du genre à se prendre le chou, ces messieurs du Projet Lafaille déboulent quand même avec un concept : « l’orchestre de bal électronique ». Dit comme ça, on a d’emblée envie de les envoyer au fin fond de la Lozère, là où les champs sont verts, et les raves encore d’actu. Oui mais. La formule présentée par ces quelques musiciens (et donc un Dj) a ceci pour elle qu’elle donne un sens nouveau à la notion de… mix, quand bien même il s’agit là d’un concert. Mix des influences, tout d’abord : funk, disco, musiques latines, jungle, jazz, techno… Le cocktail résolument festif qui en découle n’est bien sûr pas le premier du genre, mais l’essentiel est ailleurs : dans le mix des morceaux eux-mêmes, puisque chacune des prestations donnée par le Projet Lafaille est un longue jam, largement basée sur l’impro et l’accueil du public, s’étirant souvent jusqu’à trois ou quatre heures. Bref : un truc de scène.
www.myspace.com/projetlafaille __ Fancy > le 14 à l’Escale St-Michel (Aubagne) et le 15 au Cargo (Arles)__
Fancy, ou les limites de la hype. Un trio parisien qui, avec son premier album, entend profiter de l’action conjuguée du revival rock et de la génération Justice (le retour à « l’image » et le business érigé en valeur culte) avec la suffisance des TTC. Extraits : « On est là pour devenir des stars énormes comme Beethoven, Michael Jackson ou les Beatles » (Rock & Folk) ou « Le plus grand stade où l’on jouera, il n’existe pas encore, il faudra le construire » (Technikart). Quand bien même ce serait du second degré (ce qui est loin d’être le cas), moi je veux bien, mais encore faudrait-il qu’il se vende cet album. Pour l’instant, c’est pas trop ça. Les « kids » n’ont sans doute pas encore compris le potentiel extraordinaire de cet affreux cocktail de glam et de hard-rock FM, servi par une voix de castrat qui donne envie d’acheter un fusil à pompe. Hey, les kids, remuez-vous, il paraît qu’ils déchirent graaave sur scène ! Ils sont cons ces kids.
Kings of the worlds (Exclaim/BMG) http://www.myspace.com/welovefancy
Keny Arkana > le 14 au Dock des Suds
Pour certains des lecteurs de ce journal, qui ont sans doute eu la chance de recevoir une éducation très en phase avec ses aspirations culturelles et donc forcément un peu élitistes, Keny Arkana est cette petite fille des cités qui parle beaucoup mais n’arrive pas à s’extraire des poncifs inhérents au rap : sur fond de boucles qui sortent les violons, elle vous raconte sa douloureuse expérience du (des) ghetto(s), sauf que… c’est nous-mêmes qui la ghettoïsons. Il n’est donc jamais vain de rappeler quelques évidences : 1/ Keny a eu l’intelligence de mettre à profit son passif dans les foyers d’accueil pour s’instruire, et a donc la légitimité pour être le porte-voix d’une immense « minorité silencieuse ». 2/ Keny ne prêche pas contre, mais pour, Keny part pour Porto Alegre mais agit en bas de chez elle, et son collectif La Rage du Peuple a donc un sens. 3/ Keny est une fille, et en rap comme en politique, c’est toujours salutaire.
Entre ciment et belle étoile (Because/Wagram) www.keny-arkana.com
Nuit d’Hiver #5 : Les Blues > à partir du 18 à Montévidéo
La manifestation ayant débuté la semaine dernière « hors les murs », nous avons déjà fait écho de la cinquième édition du festival Nuit d’Hiver (voir Ventilo #209), consacrée cette année aux blues. Mais au-delà du fait qu’elle décloisonne de façon tout à fait transversale, tant sur la forme (des conférences s’ajoutent aux concerts dans les médiathèques de la région) que sur le fond (la « musique du diable » est ici presque envisagée comme un prétexte), les choses sérieuses ne débutent à Montévidéo que la semaine prochaine. Tous les artistes programmés s’y retrouveront : des guitaristes, bien sûr, qu’ils jouent au bottleneck ou sur les résonances, qu’ils privilégient le saz ou le banjo, mais aussi un virtuose du doudouk arménien, un groupe de saxophonistes, des musiciens électroacoustiques. Et d’ores et déjà un temps fort : Abbèbè Feqadé & Eténèsh Wassié, sortes de « ménestrels » éthiopiens (les azmaris) hors du temps.
www.grim-marseille.com
PLX