Très bien merci - (France - 1h46) de Emmanuelle Cuau avec Gilbert Melki, Sandrine Kiberlain…

Très bien merci – (France – 1h46) de Emmanuelle Cuau avec Gilbert Melki, Sandrine Kiberlain…

Sorti entre les deux tours des élections présidentielles, ce film risque malheureusement de hanter nos mémoires pour les (cinq, au minimum !) années à venir. Ce qu’il y a de fort, et de fort triste…

Aux larmes, citoyens !

Sorti entre les deux tours des élections présidentielles, ce film risque malheureusement de hanter nos mémoires pour les (cinq, au minimum !) années à venir. Ce qu’il y a de fort, et de fort triste dans Très bien merci, c’est son côté réaliste, contemporain, le genre d’histoire qui pourrait arriver à tout le monde, à vous, à moi… Alex est comptable, vit avec Béatrice et mène une vie sans histoire. Un soir, alors qu’il assiste à un contrôle d`identité, les policiers lui demandent de circuler, mais il reste là, simplement curieux. Résultat : une nuit en garde à vue. Le lendemain, il demande à voir le commissaire pour se plaindre de cette arrestation abusive. Pour toute réponse, il est envoyé dans un hôpital psychiatrique. Le film démarre doucement, presque timidement, et on se demande pendant un temps où Emmanuelle Cuau veut en venir. Mais dès que se met en place cet enchaînement de faits aussi anodins qu’absurdes, on entre à notre tour dans cette spirale narrative implacable. Le premier mérite du film est de traiter d’une manière légère un sujet aussi sérieux : inquiétant sur le fond — désormais il n’est plus suffisant de se tenir à carreau pour vivre en paix — le film prend la forme d’une gentille comédie tout à fait réjouissante. Les acteurs y sont parfaits, notamment Gérard Melki qui, après s’être récemment illustré dans Anna M, tient ici son meilleur rôle et fait preuve d’une justesse rare. En sortant de la salle, on se dit que c’était très bien (merci), content d’avoir vu un film vraiment d’actualité, politique et drôle à la fois. Fin de la fiction, retour à la réalité, un étrange malaise nous habite : face aux Variétés se dresse le nouveau commissariat, des CRS patrouillent sur la Canebière, arrêtent des véhicules sur le Vieux-Port ; les images du film continuent alors de défiler dans notre tête, on revoit Melki et Kiberlain, on pense à Kafka, on pense à Sarko. Tout devient compliqué, tout se brouille, s’entremêle… Mais où est-on ? Fondu au gris, extérieur jour : nous sommes en France en 2007, à quatre jours d’un naufrage politique que l’on veut croire encore évitable. Le réveil est brutal et l’époque est bien triste. Plus que jamais on se dit que la femme est l’avenir de l’Homme.

nas/im