Art-O-rama à la Cartonnerie
Futurama
Peu d’élus mais des propositions d’envergure : depuis 2007, Art-O-Rama mène sa petite barque au milieu des grandes, privilégiant des interventions qui dépassent le triste accrochage sur cimaises des stands de foire. A un monde qui ne jure que par la croissance, nous préférons la qualité.
La plus petite, certes. Mais Art-O-Rama est surtout l’unique foire d’art contemporain de la région. L’aventure commence en 2007 aux côtés de cinq galeries. Quel plaisir à l’époque de découvrir les grands volumes de la Cartonnerie dévolus à des propositions plastiques inscrites dans l’espace et prenant leurs aises. Une configuration différente des FIAC (Foires internationales d’art contemporain) et autres salons dans lesquels le visiteur enchaîne les stands, l’œil repu et l’esprit congestionné par trop de sollicitations. Ici, les œuvres peuvent se répandre ! A l’image des deux projets associés cette année, celui de Shanaynay, et la sculpture de l’atelier Van Lieshout, Excrémentorium, produite pour Art-O-Rama et constituée d’une dizaine de cuvettes de toilette formant un cercle. L’œuvre servira également d’espace d’accueil au cycle de discussions pendant tout le week-end, pour des débats qui aborderont les problématiques traitées dans le travail de l’artiste.
Si elle s’avère donc petite, Art-O-Rama n’en est pas moins dense et prolifique. Les galeries y sont sélectionnées sur projet et affichent un vrai parti pris, chacune dans son identité propre, prête à brandir ses lignes artistiques. Cette nouvelle édition en compte quatorze, nationales et internationales, dont une moitié de parisiennes (sic), parmi lesquelles 22,48m2 et Sultana. Les sept autres viendront de Madrid, Barcelone, Bratislava, Berlin, Gènes, Cluj-Napoca, Mexico… histoire de voir ce qui se fait à l’autre bout du monde. Autre fait notable : la venue de deux galeries bruxelloises, d’où provient Emmanuel Lambion, le commissaire de l’édition, à qui incombe la sélection de nos quatre artistes locaux pour le show room — dont le lauréat succédera à Yann Gerstberger. Un bel effort de partialité et d’objectivité, afin d’éviter l’erreur du commissariat marseillo-marseillais.
C’est donc Thomas Couderc, John Deneuve, Jérémie Setton et Sergio Verastegui qui ont tapé dans l’œil du monsieur. Quatre artistes du coin pour quatre pratiques artistiques aux antipodes, bénéficiant chacun d’un espace au cœur de la foire. L’enjeu pour eux étant d’optimiser leur « petit chez-eux » afin de favoriser la visibilité auprès des galeries étrangères. Car on le sait bien, en dehors du champ artistique, la grande quête de l’artiste contemporain demeure dans l’espoir de se faire repérer par une galerie du « premier marché » qui défendra ses intérêts, lui offrant une plus grande visibilité jusqu’à se faire happer par une des grosses galeries du « second marché ». C’est tout le mal qu’on leur souhaite.
Céline Ghisleri