Les œuvres de Bénédicte Adessi défient les représentations habituelles de l’image du corps. Elles se détachent de la vision du corps externe, pour nous faire éprouver la dynamique sensitive qui l’anime et le traverse…
Les œuvres de Bénédicte Adessi défient les représentations habituelles de l’image du corps. Elles se détachent de la vision du corps externe, pour nous faire éprouver la dynamique sensitive qui l’anime et le traverse.
Les différents états du corps, aussi infimes soient-ils, volontaires ou involontaires, nourrissent notre conscience corporelle sans que nous puissions pour autant en avoir des représentations claires et identifiables. L’artiste tente de rendre perceptible et sensible ce mouvement ambigu de la conscience corporelle. Comment figurer, donner une forme visible, aux sensations internes et invisibles du corps ? Dessins, images de synthèse, systèmes interactifs, performance, participent tous à cette exploration. Avec Souffle au cœur, Bénédicte Adessi propose des images — doubles externes, doubles imaginaires — des sensations invisibles du corps.
La gravité, le souffle dans le sommeil, la sensation de perte d’équilibre sont évoqués dans trois films courts en images de synthèse. L’apparition et la disparition de la lumière, la dilatation et la rétraction de l’image, le ralenti et l’accéléré répondent aux modifications du corps interne. Un système interactif accentue cette exploration. En enfilant des chaussons, le corps du spectateur est invité à se mouvoir, à entrer dans la danse. A chaque modulation physique correspond une image. Ce dynamisme évoque fortement la formation d’images intérieures qui accompagnent nos sensations.
Une performance présentée aux Ateliers de Lorette orchestre magistralement cet entrelacement entre images intérieures et images extérieures. Elle se présente sous la forme d’une installation habitée, constituée d’un espace de projection et d’un danseur de cirque, Laurent Chanel, dont l’évolution retrace le parcours d’un voyage introspectif au travers de notre corps et de ses dynamiques sensitives. Les projections sur écrans transparents placés sur scène sont les doubles imaginaires des mouvements du danseur. Les images et les gestes se répondent, s’appellent par un mouvement de va-et-vient, et forment un tout — dynamique, organique, indissociable. Extérieur et intérieur du corps communiquent, s’échangent, s’intègrent.
Ces œuvres défient les dualismes — transparence et opacité, visible et invisible, réel et imaginaire, intérieur et extérieur — et étendent les limites matérielles du corps dans un espace d’expérimentation et d’enrichissement des sensations.
Elodie Guida
Jusqu’au 31 à La Traverse (28/38 rue Tasso, 2e).
Performance le 11 avec Laurent Chanel aux Ateliers de Lorette (Place de Lorette, 2e)