Spider-man 3 – (USA – 2h15) de Sam Raimi avec Tobey Maguire, Kirsten Dunst, James Franco…
L’idée de génie de Sam Raimi, lorsqu’il s’est saisi de la série Spider-man, est d’avoir placé au cœur des enjeux figuratifs du film le devenir-homme du héros, d’en avoir fait l’incarnation d’un corps…
Hero never dies
L’idée de génie de Sam Raimi, lorsqu’il s’est saisi de la série Spider-man, est d’avoir placé au cœur des enjeux figuratifs du film le devenir-homme du héros, d’en avoir fait l’incarnation d’un corps en plein changement. D’où l’indicible charme de chacune des étapes filmiques de la série, leur aspect fondamentalement ludique et incroyablement profond : découvrir sa corporéité, puis l’assumer (Spider-man), apprendre à s’en servir (Spider-man 2) pour enfin accomplir son destin, régler ses comptes. On mesure donc aussi la légitime déception qui s’empare du spectateur lorsqu’il sort de la salle, après plus de deux heures un peu fouillies ; l’impression tenace que le génial Sam Raimi a raté la dernière marche d’une œuvre à laquelle il a consacré près de dix ans. La faute peut-être au paradoxe d’un scénario d’une amplitude et d’une densité rare, mais qui refuse pourtant de prendre le temps de se déployer totalement. La faute peut-être aussi à une VF contre laquelle Henri Seard (non, non, pas ma mère), n’a pas fini de tempêter. Mais, il ne s’agit pas non plus, sous prétexte de dépit amoureux, de sombrer dans l’excès inverse. Car on passerait alors à côté des inestimables joyaux du film. Dans ses moments les plus réussis, Spider-man 3 distille un esprit de synthèse tous azimuts et une volonté mélancolique de jouer une dernière fois avec ses icônes dans un raout géant. Du panache en somme, dont résulte un film baroque, béant, beau et bancal. Un film dont les créations visuelles (l’émouvant homme-sable, le saisissant Venom) et l’humour maniériste irrésistiblement décalé (la transformation de Parker en dandy ténébreux) font regretter les longueurs et les raccourcis. Spider-man est mort ? Vive Spider-man.
Romain Carlioz