Tapage Nocturne – L’Afternoon
« Ceci n’est pas un bar ! » pourrait-on sans doute lire sur l’enseigne de l’Afternoon, si celui-ci en avait une… La façade – impersonnelle et un peu terne quand le lieu, mi-galerie d’art mi-salon où il fait bon…
« Ceci n’est pas un bar ! » pourrait-on sans doute lire sur l’enseigne de l’Afternoon, si celui-ci en avait une… La façade – impersonnelle et un peu terne quand le lieu, mi-galerie d’art mi-salon où il fait bon causer, est clos – ne laisse elle aussi absolument rien présager de tout ce qui nous attend à l’intérieur. Seule cette peinture à la teinte quelque peu inhabituelle, à la texture rêche mais tout aussi froide, tente d’annoncer la couleur. Elle tapisse une devanture, qui ne ressemble en rien aux autres (souvent cache-misère du vide qu’elles précèdent) et semble nous dire, comme un avertissement : « laisse tes paillettes à l’entrée ». Car ici, point de branchitude, juste de l’attitude, de la spontanéité. Et surtout, de la vie… Palpable dès les premiers pas à l’intérieur de cette étrange caverne, qu’aurait pu posséder Ali Baba si ses compères les quarante voleurs avaient été de fins « chineurs ». Le mobilier, ultra chic, composé de dizaines de curiosités luminaires, de canapés aux formes inhabituelles, change à peu prés tous les mois : il est entièrement à vendre ! Seuls le superbe comptoir et les murs aux couleurs flash servent de repères aux visiteurs habituels du lieu. L’Afternoon bouge, donc, et cette expression n’est pas seulement à prendre au sens figuré… Il est en perpétuel mouvement, en agitation constante. En plus d’être à « géométrie variable », il a en effet de multiples fonctions : véritable « lieu de travail » (dixit l’un des membres de l’association qui gère le lieu), il est un atelier de graphisme certains matins, et certains autres se mue en salle de répétitions. Mais surtout, il devient, cinq jours par semaine, le lieu de rendez-vous d’un public très hétéroclite. Et que viennent voir, ou écouter, ces curieux ? Ils prennent tout simplement part au quotidien d’une petite confrérie pluridisciplinaire d’excellents artistes, tous invités dans le cadre de résidences : Marie Paule et la bluffante sincérité de ses chansons le jeudi, Greg & Lowran et leurs afters dominicaux, déjà réputés (ils passent d’ailleurs au format long cette semaine avec un week end entier consacré aux sonorités minimales), ou encore Dj Liliv et ses sélections quotidiennes et éclectiques de très haute volée. Peut-être viennent-ils aussi se délecter des quelques toiles, dont l’appréciation est finement et volontairement biaisée par une mise en valeur très… personnelle ? Ou encore déguster des kémias faits maison (mention spéciale à Georgette, cuisinière occasionnelle) ? A moins que ces quelques convives (le mot client prendrait ici des allures d’insulte), au vu du prix dérisoire des boissons et de la chaleur de l’accueil, ne se rendent ici pour trouver l’humanité, la sincérité et la simplicité qui, bien souvent, manquent cruellement à nombre d’endroits dits « branchés », soi disant garants du bon goûts. Loin de ces prescripteurs de placebos artistiques, l’Afternoon devient au fil des mois une référence… Jean-Pascal Dal Colletto
L’Afternoon, 17 rue Ferrari (5e), ouvert du mercredi au dimanche de 15h à 22h (minuit le week-end)