Tapage Nocturne – Aires Libres #3

Changer d’Aires : une nécessité. En délocalisant l’événement du Parc Borély, où il a construit sa réputation, au Domaine de l’Etang des Aulnes (St-Martin de Crau), l’équipe…

Changer d’Aires : une nécessité. En délocalisant l’événement du Parc Borély, où il a construit sa réputation, au Domaine de l’Etang des Aulnes (St-Martin de Crau), l’équipe d’A l’Unisson n’a pas simplement paré les impondérables : elle a trouvé sa raison d’être. Parce que bien sûr, à première vue, ce départ provoqué de l’enceinte phocéenne pourrait passer pour un échec, aussi incongru soit-il si l’on s’en tient aux chiffres (plusieurs milliers de personnes sur chaque édition). C’est en fait tout le contraire : une aubaine. Petit rappel des faits : depuis 2005, Aires Libres a la bonne idée de proposer, sur le modèle des Siestes Electroniques toulousaines, sa vision toute personnelle de la chose, entre musiques électroniques et arts visuels, animations pour jeune public et farniente – « en pleine herbe ». Les organisateurs sont des trentenaires, ils ont donc pensé à cette frange de « l’entre-deux » tendance urbaine : plus assez jeune pour festoyer jusqu’à pas d’heure (mais suffisamment pour rester dans le coup), pas encore assez vieille pour pique-niquer avec les beaux-parents. Et le concept initial de reposer sur une idée de génie : pendant que les gamins s’affairent, les parents chillent, enfin. C’est le monde à l’envers, une façon ludique de concilier vie de famille et aspirations culturelles, ce qui expliquera que le public se soit approprié l’événement jusqu’à le soutenir massivement^[1]. Dès lors, pourquoi n’envisager qu’une seule édition annuelle ? Avant le parc Jean Moulin (Aubagne) en septembre, c’est donc le site de l’Etang des Aulnes, localisé en bordure du Parc Régional de Camargue, qui accueille ce week-end Aires Libres. Et lui permet ainsi de prendre une dimension tout autre, plus environnementale encore que par le passé… Acquis par le Conseil Général dans le cadre de sa politique de protection des espaces naturels sensibles, ce site préservé accueille ponctuellement des concerts mais reste habituellement fermé au public. En allant à sa rencontre (visites avec des éco-guides, sensibilisation au respect de la nature…) et surtout en le valorisant avec une proposition artistique transdisciplinaire (installations, ateliers divers pour petits et grands…), l’équipe d’A l’Unisson franchit un nouveau cap, en facilitant l’accès aux cultures dites urbaines par le prisme d’une balade dominicale, mais aussi en donnant une perspective inédite, car pacifiste et canalisée, au concept de Zone Autonome Temporaire popularisé en son temps par Hakim Bey. Pour ce qui est enfin de la programmation musicale, qui reste le cœur de l’affaire, le précieux équilibre entre électronique et organique est plus que jamais de mise : si le « live » laptop du Marseillais 9th Cloud est un modèle du genre, ceux de l’Anglais Jacen Solo et de l’Allemand Pantha du Prince devraient faire écho à leur statut de valeurs en hausse, et la présence de David Walters, dont les prestations pleines de chaleur sont à l’image du personnage, justifie à elle seule le déplacement.

Texte : PLX
Photo : Hervé Lucien

Aires Libres #3, le 17 au Domaine de l’Etang des Aulnes (St-Martin de Crau), de 12h à 20h, gratuit. Possibilité de co-voiturage, navettes à prix réduit
www.aires-libres.com