Biomix et Terre active proposent l’exposition Natural Digital à la Fondation Vasarely. L’occasion de découvrir ou de redécouvrir les œuvres monumentales de Vasarely, mais aussi de nous interroger sur le rapport de l’art à la nature avec le numérique…
Biomix et Terre active proposent l’exposition Natural Digital à la Fondation Vasarely. L’occasion de découvrir ou de redécouvrir les œuvres monumentales de Vasarely, mais aussi de nous interroger sur le rapport de l’art à la nature avec le numérique, ou plutôt sur la création d’une nature numérique : simulacre, double virtuel, nature hybride ?
La Fondation, conçue entièrement par Vasarely, nous plonge directement dans l’univers plastique de l’artiste. Au rez-de-chaussée, sept alvéoles de onze mètres de hauteur accueillent ses quarante-deux intégrations architectoniques. Chaque espace crée une ambiance particulière par une exploration de jeux visuels et de matériaux différents (aluminium, tapisseries, céramiques, plexiglas…). Elles permettent de découvrir les différentes recherches menées par l’artiste, toutes centrées sur l’étude du fonctionnement perceptif et animées par la volonté de faire participer activement le spectateur dans l’appréhension de l’œuvre. Avec le numérique, un autre pas semble être franchi car le spectateur intervient directement dans le déploiement de l’œuvre : il l’active. Par ailleurs, l’image peut être entièrement construite par le langage de la programmation, sans aucun prélèvement sur le réel. Mais le rapport de l’artiste et de l’œuvre à la nature n’est pas rompu pour autant.
Les œuvres interactives d’Edmond Couchot et de Michel Bret (Les Plumes et Les Pissenlits) nous confrontent à un « effet de réalité » qui tient davantage à un réalisme de l’expérience qu’à un réalisme de la représentation. En effet, elles proposent des expériences (souffler sur les plumes et les pissenlits) similaires à celle que permettraient les objets réels. Dès qu’un léger souffle atteint la plume par exemple, celle-ci s’élève plus ou moins rapidement, avec des mouvements variés dépendant de la force et de la durée du souffle. Puis la plume retombe en suivant des trajectoires complexes, chaque fois différentes. Le réalisme n’est pas fonction d’une norme absolue de fidélité au réel, il est ici relatif aux conditions de production et d’apparition.
Miguel Chevalier s’attache à la création de formes végétales susceptibles d’un comportement et d’une évolution autonomes, comme si elles étaient douées d’une vie propre. L’œuvre interactive Sur-natures est ainsi constituée de plantes et de fleurs virtuelles, qui poussent chaque jour en temps réel. Ces fleurs ont leur propre trajectoire évolutive sur une année et se transforment à contre-courant du cycle des saisons.
Les outils numériques peuvent également fonctionner comme instrument d’exploration de la nature. La vidéo de Bertrand Lamarche, Le terrain ombelliférique, propose la déambulation d’une caméra subjective à travers un jardin virtuel planté de berces du Caucase, ombellifères géantes dotées de caractéristiques visuelles et chimiques particulières.
Ni seule représentation, ni simulacre de la nature, les œuvres numériques semblent davantage construire des pans de réel, composer avec lui, explorer des possibilités d’hybridation (notamment avec l’art transgénique développé par Eduardo Kac) et la création de formes inédites mi-naturelles, mi-artificielles.
Texte : Elodie Guida
Photo : Damien Boeuf
Natural Digital. Jusqu’au 15/07 à la Fondation Vasarely (Aix-en-Provence). Rens. http://www.fondationvasarely.fr