Chaque été, la Salle des Lices, à Marseille, connaît son moment de gloire, lorsque l’équipe du festival international de vidéo expérimentale Images contre Nature vient se saisir du lieu. Pour sa septième édition, l’association organisatrice P’Silo nous convie derechef à une lecture pertinente de l’image, loin de toute intention sensationnaliste du genre…
Chaque été, la Salle des Lices, à Marseille, connaît son moment de gloire, lorsque l’équipe du festival international de vidéo expérimentale Images contre Nature vient se saisir du lieu. Pour sa septième édition, l’association organisatrice P’Silo nous convie derechef à une lecture pertinente de l’image, loin de toute intention sensationnaliste du genre.
L’image va vite, de plus en plus vite. Comme pour échapper à toute tentative de rhétorique du langage, de construction syntaxique, de codes linguistiques que sa fonction nouvelle — un mode de communication en passe de supplanter le langage écrit — requiert. Que nos politiques le comprennent : si les difficultés de lecture de texte se font toujours croissantes sur les bancs d’école, c’est que nos modes d’expression ont muté. On ne lit plus une histoire, on la voit. Or que nous reste-t-il aujourd’hui comme moyen réel d’analyse d’images ? Comment reprendre à la base les codes de l’image en mouvement, en comprendre le sens, ainsi que les multiples interactions, en dégager les moteurs d’émotions ? La réponse : L’image expérimentale. Le cadre : Le festival Images contre Nature, qu’organise chaque année la structure marseillaise P’silo. Car l’une des grandes forces de cette manifestation est de déplier les mouvements de l’image, afin de mettre à plat sa puissance d’expression : en six programmes — espace, identité, mouvement, perception, sens, temps —, le Festival nous offre un florilège de films qui redonnent du sens à l’image, pour l’image. Et nous explique mieux ainsi comment leurs imbrications, via le montage, la couleur, le rythme, le hors champ, le subliminal, l’architectural définissent l’expression d’un champ émotionnel, du plus classique au plus déviant. Comme le rappelle le couple organisateur, Hèlene Bez et Claude Ciccolella : « L’image vit ce que la peinture a vécu au XXe siècle, un éloignement du contenu pour en arriver à une réelle autonomie. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de fond. Il ne s’agit pas seulement, bien sûr, d’une histoire esthétique. D’où l’intérêt de définir en permanence les limites de l’expérimental, pour une meilleure compréhension de l’image. D’autant que ces limites sont extrêmement mouvantes d’année en année, il s’agit pour nous de les capter ». En cinquante-huit films sélectionnés, dispersés dans les six programmes, le spectateur aura un parfait panel de ce que l’image peut encore exprimer aujourd’hui, vidé de tout message propagandiste. Des visages connus viendront présenter leurs nouvelles œuvres (les français Emmanuelle et Jean-Paul Noguès, Samuel Bester, Johanna Vaude, l’américaine Kara Hearn…) et l’on découvrira également, avec bonheur, les travaux de vidéastes réputés, tels que Mark Street, Peter Snowdon ou Marik Boudreau. Réputation oblige, ce ne sont pas moins d’une vingtaine de réalisateurs qui seront cette année présents lors de cette septième édition. L’ouverture se fera en compagnie de l’inénarrable Pierre Merejkowsky, une copie sous le bras de son prochain film, en salle début août, Filmer et punir. Une manière pied de nez de dégager d’emblée le thème récurrent de cette septième édition, amour et politique, pimentée pour l’occasion de multiples propositions annexes (théâtre, installations visuelles et sonores). Autant de réjouissances portées par l’amour communicatif que l’équipe organisatrice éprouve vis-à-vis de cette expression artistique hors du commun.
Sellan
Du 3 au 7/07 à la Salle des Lices. Rens. www.p-silo.org