Aflam continue avec talent et exigence de promouvoir les cinémas arabes en organisant une série de projections au cinéma Les Variétés et en plein air, initiative suffisamment rare dans l’hexagone pour être applaudie…
Aflam continue avec talent et exigence de promouvoir les cinémas arabes en organisant une série de projections au cinéma Les Variétés et en plein air, initiative suffisamment rare dans l’hexagone pour être applaudie.
Le paradoxe est saisissant. Les cinémas arabes sont d’une richesse folle, tant sur la forme que sur le fond, et leur représentation en France n’est souvent qu’anecdotique, en comparaison avec d’autres cinématographies internationales. Notre héritage culturel devrait nous faire sentir plus proche des productions algériennes, marocaines, tunisiennes, égyptiennes, il n’en est rien. Les sujets abordés sont souvent très sociaux, ancrés dans une réalité implacable, ils ne touchent souvent en France qu’un public de cinéphiles intellectuels, habitués des festivals. Une structure marseillaise, Aflam, a depuis plusieurs années mené son combat afin de démanteler ce paradoxe, et faire exister les cinématographies nord-africaines au cœur de toutes les populations. Travail des plus estimables, qui trouve son point d’orgue avec ces Ecrans des nouveaux cinéma(s) arabes, série de projections triées sur le volet et présentées pour partie en plein air, donc destinées au plus grand nombre. Six pays du Maghreb et du Proche-Orient sont à l’honneur, la manifestation ne s’interdisant aucun sujet, passant du combat des femmes aux idéaux de la jeunesse, sans omettre de traiter l’homosexualité et la montée des intégrismes. Un Festival de haut vol, donc, intelligent et profondément humain, qui nous permettra de nous sensibiliser aux œuvres de cinéastes qui pour beaucoup seront présents lors de la manifestation. Comme à l’accoutumée, nous retrouverons comme repères quelques grands noms du cinéma arabe, à commencer par le tunisien Nouri Bouzid pour son dernier film Making of, présenté aux variétés en présence de l’acteur principal. Mais également l’acteur palestinien Mohammad Bakri, avec Depuis que tu es parti, documentaire renversant ancré dans un conflit présenté ici sous un angle moins formaté. D’autres rencontres des plus enrichissantes (Tariq Teguia, Ammar Al Beïk…) viendront animer les salles climatisées de la Canebière, enrichissant notre connaissance de films peu ou pas distribués. Les projections en plein air, elles, du Vieux Port aux Anciens Abattoirs de Saint Louis, viseront à toucher tous les publics, et offrir une fenêtre exceptionnelle, sous les étoiles, à la jeune mais vivifiante production des films du Maghreb.
Sellan
Ecrans des nouveaux cinéma(s) arabes, du 28/06 au 1/07. Rens. Aflam.fr